Édulcorant artificiel : bilan salé

Pour la première fois, des chercheurs ont mis en évidence comment les édulcorants artificiels peuvent stimuler l’appétit dans le cerveau. Des milliards de personnes dans le monde consomment des édulcorants artificiels et ils sont parfois prescrits comme un « outil » pour traiter l’obésité, malgré les faibles connaissances jusqu’à ce jour au sujet de leur impact sur le cerveau et dans la régulation de la faim.

Des études chez les animaux et les humains ont suggéré que la consommation d’édulcorants artificiels peut faire ressentir la faim et augmenter l’appétit. Dans une publication de la revue Cell Metabolism de juillet 2016, une nouvelle étude approfondie menée conjointement par l’Université de Sydney a révélé pourquoi cette réponse se produit.

Le sucralose, un additif alimentaire approuvé pour une foule d’aliments transformés, remis en cause.

Les résultats mettent en lumière les effets des édulcorants artificiels sur le cerveau dans la régulation de l’appétit et la capacité à modifier les perceptions gustatives. Les chercheurs ont identifié un nouveau système dans le cerveau qui détecte et intègre la douceur et le contenu énergétique des aliments.

Les auteurs expliquent que « l’exposition chronique à un régime alimentaire qui contenait l’édulcorant sucralose artificiel a poussé les animaux à manger beaucoup plus« . « Grâce à l’enquête systématique de cet effet, nous avons constaté que l’intérieur des centres de récompense du cerveau interprète par une douce sensation un contenu énergétique. Lorsque la douceur par rapport à l’énergie est déséquilibrée pendant une période, le cerveau recalibre et augmente les calories totales consommées.« 

Édulcorant sucralose artificiel : édulcorant artificiel intense, découvert en 1976, également connu sous les noms commerciaux comme Canderel®, Splenda®, Aqualoz®,….

Dans l’étude, les mouches des fruits qui ont été exposés à un régime comprenant des édulcorants artificiels pendant des périodes prolongées (plus de cinq jours) ont consommé 30% en plus de calories lorsqu’elles ont ensuite reçu de la nourriture naturellement sucrée.

« Quand nous avons étudié pourquoi les animaux mangeaient plus, même si leur apport en calories était suffisant, nous avons constaté que la consommation chronique de cet édulcorant artificiel augmente réellement l’intensité de la motivation globale de l’animal à manger plus de nourriture« , a déclaré le Professeur Gregory Neely, l’un des chercheurs de l’étude.

La pala… quoi ? La palatabilité

En plus de modifier la palatabilité (caractéristique de la texture des aliments agréables au palais, elle intervient dans le plaisir alimentaire), les chercheurs ont également constaté que les édulcorants artificiels augmenteraient l’hyperactivité, l’insomnie et une diminution de la qualité du sommeil.

Pour découvrir si les édulcorants artificiels ont également augmenté la prise alimentaire chez les mammifères, le laboratoire du Professeur Herbert Herzog a répliqué l’étude en utilisant des souris. Le groupe des souris qui ont consommé un régime sucré du sucralose pendant sept jours, présentait une augmentation significative de la consommation alimentaire et la voie neuronale impliquée était la même que dans le modèle avec les mouches des fruits.

Même si certains ne seront pas étonnés de cette annonce (comme le montre les nombreuses vidéos sur le sujet), ces résultats renforcent encore l’idée que les variétés « sans sucre » des aliments transformés et des boissons ne sont pas si inoffensives que prévues. Ce qui est important pour la santé de tous les êtres vivants exposés aux édulcorants artificiels, puisqu’ils peuvent réellement changer la façon de percevoir la douceur de la nourriture, jusqu’à provoquer un accroissement de la consommation calorique.

© Jimmy Braun – 2016

---

Sources

• « Sucralose Promotes Food Intake through NPY and a Neuronal Fasting Response« , Cell Metabolism, 2016; 24 (1): 75 DOI: 10.1016/j.cmet.2016.06.010 ; http://www.cell.com/cell-metabolism/references/S1550-4131(16)30296-0