Le rhume augmente-t-il le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) chez les enfants ?
Voici la question à laquelle a essayé de répondre une étude récente, dont les résultats sont publiés dans Neurology la revue de l’American Academy of Neurology. [1]
Cette nouvelle étude a constaté que le risque d’AVC chez les enfants pourrait être augmenté par le rhume et autres infections mineures, bien que temporairement.
Souvent associé aux personnes âgées, tout le monde peut avoir un AVC indépendamment de l’âge. En France, « l’âge moyen de survenue d’un AVC est de 73 ans (70 ans pour les hommes et 76 ans pour les femmes). » [2]. L’AVC est une des principales causes de décès chez les enfants aux États-Unis et, selon l’Association nationale pour les AVC (National Stroke Association), l’accident vasculaire cérébral touche environ 6 personnes sur 100 000 enfants. [3]
Les infections mineures et les conditions inflammatoires telles que le rhume ont déjà été associés à un risque accru d’accident vasculaire cérébral ischémique chez les adultes [4]. Bien que les origines de l’AVC pédiatrique sont légèrement différentes, les effets du rhume sont les mêmes pour les deux (enfants et adultes).
Jusqu’à présent, l’association entre l’inflammation et l’AVC chez les enfants n’a pas été étudiée en profondeur. C’est pourquoi l’équipe de recherche avait pour objectif d’étudier en particulier si le moment et le nombre d’infections mineures ont augmenté le risque artériel de l’enfant — dans le cas de l’accident vasculaire cérébral ischémique (AIT, accident ischémique transitoire).
Selon les auteurs de l’étude, seuls un petit nombre d’enfants qui naît avec des facteurs de risque d’AVC reconnus – maladie cardiaque congénitale, par exemple – risquent d’avoir un AIT, ce qui les conduit à émettre l’hypothèse que l’AIT pédiatrique a de multiples facteurs étiologiques, y compris les facteurs environnementaux tels que l’exposition à des infections mineures.
Un risque accru ?
Les chercheurs ont examiné les données de l’étude sur l’AVC pédiatrique Kaiser Pediatric Stroke Study, une base de données qui représente environ 2,5 millions d’enfants au sein d’une organisation de soins de santé californien (USA). [5]
De cet examen, les chercheurs ont identifié 102 enfants qui avaient un AIT sans une infection sévère associée et 306 enfants qui n’avaient pas eu un AIT pour servir de groupe de contrôle. Les dossiers médicaux de ces enfants ont ensuite été étudiés pour des infections mineures qui se produisent jusqu’à 2 ans avant l’AIT. Dans les infections qui ont été trouvées, environ 80% touchaient les voies respiratoires.
Les chercheurs ont constaté que le risque d’AVC a été augmenté, mais seulement dans un délai de 3 jours entre une visite chez le médecin pour des signes d’infection et l’AIT. Sur les 102 enfants qui ont eu un AIT, 10 avaient une visite chez le médecin pour une infection dans les 3 jours avant l’AIT (9,8%). Pendant la même période, uniquement 2 enfants du groupe témoin avaient une infection (0,7%). Ainsi, les auteurs calculent que les enfants avec l’AIT étaient 12 fois plus susceptibles d’avoir eu une infection dans les 3 jours précédents.
La nécessité de poursuivre des recherches complémentaires se pose. Beaucoup d’enfants ne peuvent pas avoir rapidement une visite chez le médecin pour une infection mineure. Le caractère rétrospectif de l’étude a également signifié que les horaires précis de début de l’infection et de l’utilisation des médicaments ne peuvent pas être mesurés.
Dr Heather Fullerton (neurologue pédiatrique), l’un des auteurs de l’étude, a déclaré que leurs résultats suggèrent « que l’infection a un effet important mais de courte durée sur le risque d’AVC. ». « Nous avons constaté cette augmentation du risque d’AVC lors d’une infection chez les adultes, mais jusqu’à présent, une association n’a pas été étudié chez les enfants. Il est possible que les conditions inflammatoires contribuent davantage au risque d’AVC chez les enfants, toutefois, d’autres recherches sont nécessaires pour explorer cette association possible ».
Enfin, l’étude précise que « les infections mineures sont très fréquentes chez les enfants tandis que les AVC sont heureusement très rares, et les parents ne devraient pas être alarmés si leur enfant attrape un simple rhume ».
- En complément, pour terminer : « Reportage de Grégory Fraize et Eric Kleinhoffer, diffusé sur France 3 Alsace le 13 mars 2013, avec les interventions de Véronique Friess (mère de Jean-Noé) et du professeur Vincent Laugel (Neuropédiatre) ».
© Jimmy Braun – Novembre 2014
Sources
- [1] « Timing and number of minor infections as risk factors for childhood arterial ischemic stroke », neurology.org/content/early/2014/08/20/WNL.0000000000000752.short ; « A common cold is no stroke of luck », neurology.org/content/early/2014/08/20/WNL.0000000000000760.extract
- [2] Les chiffres clefs de l’AVC, sante.gouv.fr/les-chiffres-cles-de-l-avc.html
- [3] stroke.org/site/PageNavigator/HOME
- [4] « Accidents vasculaires ischémiques », med.univ-rennes1.fr/cerf/edicerf/NR/NR009.html
- [5] mydoctor.kaiserpermanente.org/ncal/facilities/region/gsaa/area_master/departments/pediatrics/
- « Translating discoveries in neurological diseases of infancy and childhood », projectreporter.nih.gov/project_info_description.cfm?aid=8785264
Un article qui fait peur, il faut faire attention c’est sur mais ne pas tomber dans la psycho!