L’allergie au pollen est devenue aujourd’hui très fréquente, ainsi que des allergies alimentaires comme pour les agrumes ou certains fruits comme la pêche.
Les soupçons sont nombreux. Entre les polluants chimiques provenant de l’agriculture intensive et la pollution environnementale, il n’est pas toujours simple pour les professionnels de santé de trouver l’origine précise d’une allergie.
En collaboration avec des équipes du Japon, de la République tchèque, de l’Institut Pasteur de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) et de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM), des chercheurs ont identifié pour la première fois l’origine probable de la réactivité croisée entre le pollen de cyprès, les pêches et les agrumes.
Découverte d’une allergie croisée
Des chercheurs médicaux ont identifié l’origine probable de la réactivité croisée entre le pollen de cyprès, les pêches (fruit de la famille des rosacées) et les agrumes. Leur travail a montré que ces sources contiennent des allergènes appartenant à une nouvelle famille de protéines impliquées dans le syndrome pollen-aliment (syndrome d’allergie orale).
La voie au développement de nouveaux tests diagnostiques d’allergie
Le travail des chercheurs a montré que ces sources contiennent des allergènes appartenant à une nouvelle famille de protéines impliquées dans le syndrome pollen-aliment.
Cette découverte a été publiée dans la revue médicale JACI (The Journal of Allergy and Clinical Immunology, août 2017) ouvre la voie au développement de nouveaux tests diagnostiques d’allergie.
Aujourd’hui, partout dans le monde, de plus en plus de personnes souffrent d’allergies, en particulier dans les pays industrialisés, où près de 30% de la population est affectée ! Dans ce contexte, les médecins observent une augmentation des cas de « syndrome associé au pollen alimentaire » ou de « combinaison », c’est-à-dire les allergies qui se produisent par réaction croisée entre le pollen (allergies respiratoires) et les aliments (allergies alimentaires).
Dans les régions méditerranéennes, les réactions allergiques au pollen de cyprès, à la pêche et aux agrumes ont été décrites dans la pratique clinique. Dans de tels cas, certaines personnes, exposées et sensibilisées au pollen de cyprès depuis leur plus jeune âge, développent des allergies aux agrumes et aux pêches à l’âge adulte. On estime que 60% des allergies alimentaires se produisent en association avec des allergies respiratoires.
Bien que plusieurs explications aient été avancées concernant l’augmentation de ces allergies combinées, telles que les changements environnementaux ou de style de vie, la base structurelle pour la réaction croisée entre le pollen de cyprès et certains fruits n’avaient jusqu’à présent pas été formellement identifiée.
Mécanismes physico-chimiques et immunologiques
Une étude combinant l’observation clinique et la recherche académique, dirigée par des chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’AP-HP, travaillant en partenariat avec des équipes de l’Université de Chimie et de Technologie de Prague (République Tchèque) et de l’Université de Hokkaido (Japon), ainsi que de l’unité de Pneumo-Allergie de l’hôpital La Timone à Marseille (AP-HM), a révélé pour la première fois les mécanismes physico-chimiques et immunologiques sous-jacents derrière cette réaction croisée.
Dans cette étude, les scientifiques ont analysé les propriétés physico-chimiques, immunologiques et structurelles d’un allergène identifié dans le pollen de cyprès, le BP14. Ils ont pu démontrer de nombreuses similitudes avec l’allergène des pêches (Pru p 7) et l’allergène de l’orange (Cit s 7), qui appartiennent tous deux à une famille de protéines régulées par la « Gibberelline / Snakin / GRP ». Ces observations ont conduit les chercheurs à établir que les allergènes BP14, Pru p 7 et Cit s 7 étaient membres d’une nouvelle famille d’allergènes respiratoires et alimentaires impliqués dans le syndrome pollen-aliment.
Enfin, grâce à cette recherche un nouveau concept a émergé : une sensibilisation conditionnelle. Une fois que le système immunitaire d’un individu développe une intolérance à un allergène tel que BP14 (pollen de cyprès), il est alors plus susceptible de devenir sensible aux allergènes similaires dans la même famille de protéines qui sont présentes dans d’autres sources d’allergènes.
La démonstration de cette réactivité croisée et l’identification de ses causes pourraient permettre à la nouvelle famille d’allergènes d’être incluse dans la batterie de tests disponibles pour les personnes souffrant d’allergies, dont elle est actuellement absente.
En tant que tel, cette récente découverte devrait contribuer à améliorer le diagnostic d’allergie et conduire à un meilleur traitement du patient en accord avec le développement d’un médicament personnalisé. Si vous êtes allergique, gageons que la voie engagée suite à cette étude vous permette de passer votre prochain printemps avec moins de problèmes allergiques.
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Septembre 2017
Sources
- « A new allergen family involved in pollen food-associated syndrome: Snakin/gibberellin-regulated proteins », Août 2017, DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.jaci.2017.06.041, http://www.jacionline.org/article/S0091-6749(17)31264-2/abstract
- Le Réseau National de Surveillance Aérobiologique (R.N.S.A.)., http://www.pollens.fr/liens/liens.php
- Le syndrome pollen-aliment, http://allerg.qc.ca/Information_allergique/3_2_pollen_aliment.html ; « Le syndrome pollen-aliment (ou encore syndrome d’allergie orale) est une réaction allergique aux fruits frais, aux légumes et aux noix qui se produit chez des personnes allergiques aux pollens. Nous appelons ce syndrome ainsi, car les réactions touchent la plupart du temps uniquement la sphère orale. »