Les dispositifs d’épuration d’air destinés aux habitations sont nombreux sur le marché.
Par contre, la majorité de ces purificateurs d’air seraient loin d’être aussi efficace que prévu, voir pour certains plus polluants et nocifs que les particules que l’on souhaite faire disparaître, comme le souligne l’Anses dans un rapport publié en septembre 2017.
Tout le monde souhaite garder l’air de sa maison ou son appartement le plus propre possible et certaines personnes utilisent parfois des filtres à air HEPA (High Efficiency Particulate Air) pour éloigner les allergènes et les particules de poussière.
Cependant, certains composés dangereux sont trop petits pour être piégés dans ces filtres.
De petites molécules telles que le chloroforme, présent en petite quantité dans l’eau chlorée, ou le benzène, composant de l’essence, s’accumulent dans nos maisons lorsque nous prenons une douche ou faisons bouillir de l’eau, ou lorsque nous entreposons des voitures ou des tondeuses à gazon dans des garages attenants.
L’exposition au benzène et au chloroforme a été liée au cancer depuis plusieurs années.

Purifier l’air environnant avec une plante
Des chercheurs de l’Université de Washington (États-Unis) ont maintenant modifié génétiquement une plante d’habitation commune, le lierre de pothos, pour éliminer le chloroforme et le benzène de l’air environnant.
Les conclusions de cette recherche sont publiés dans la revue Environmental Science & Technology du mercredi 19 décembre 2018.
Les plantes modifiées expriment une protéine, appelée 2E1, qui transforme ces composés en molécules que les plantes peuvent ensuite utiliser pour soutenir leur propre croissance.
Les auteurs indiquent que « la majeure partie des gens n’ont pas vraiment conscience de la présence de ces composés organiques dangereux dans les maisons, et surtout que parce que nous ne pouvons rien y faire. Maintenant, nous avons conçu des plantes d’intérieur pour éliminer ces polluants. »

Le lierre de pothos purifie l’air intérieur des maisons
Pour réaliser cette recherche, l’équipe a décidé d’utiliser une protéine appelée cytochrome P450 2E1, ou 2E1, qui est présente chez tous les mammifères, y compris l’homme.
Dans notre corps, 2E1 transforme le benzène en une substance chimique appelée phénol et le chloroforme en dioxyde de carbone et en ions chlorure.
Mais 2E1 est situé dans notre foie et est activé lorsque nous buvons de l’alcool. Donc, il n’est pas disponible pour nous aider à traiter les polluants dans notre air.
« Nous avons décidé de faire en sorte que cette réaction se produise hors du corps dans une plante, exemple du concept du « foie vert ». Et le 2E1 peut aussi être bénéfique pour la plante. Les plantes utilisent du dioxyde de carbone et des ions chlorure pour fabriquer leurs aliments, et du phénol pour fabriquer les composants de leurs parois cellulaires », expliquent les chercheurs.

Ils ont créé une version synthétique du gène qui sert d’instructions pour la fabrication de la forme 2E1 chez le lapin. Ensuite, ils l’ont introduit dans du lierre pour que chaque cellule de la plante exprime la protéine. Le lierre de pothos ne fleurit pas dans les climats tempérés, de sorte que les plantes génétiquement modifiées ne pourront pas se propager via le pollen.
Tout ce processus a pris plus de deux ans pour obtenir un résultat très précis, et le lierre de pothos est une plante d’intérieur robuste qui pousse bien dans toutes sortes de conditions.

Les chercheurs ont ensuite testé dans quelle mesure leurs plantes modifiées pouvaient éliminer les polluants de l’air par rapport au lierre de pothos normal.
Ils ont mis les deux types dans des tubes en verre puis ont ajouté du benzène ou du chloroforme dans chaque tube. Pendant 11 jours, l’équipe a suivi l’évolution de la concentration de chaque polluant dans chaque tube.
Pour les plantes non modifiées, la concentration de l’un ou l’autre gaz n’a pas changé avec le temps. Mais pour les plantes modifiées, la concentration de chloroforme a chuté de 82% au bout de trois jours et était presque indétectable au sixième jour. La concentration de benzène a également diminué dans les flacons de plantes modifiées, mais plus lentement. Au huitième jour, la concentration de benzène avait diminué d’environ 75%.
Afin de détecter ces changements dans les niveaux de polluants, les chercheurs ont utilisé des concentrations de polluants beaucoup plus élevées que celles que l’on trouve généralement dans les maisons. Mais l’équipe s’attend à ce que les niveaux à domicile baissent de la même manière, sinon plus rapidement, au cours de la même période.
« Les plantes de la maison devraient également se trouver dans un enclos avec quelque chose pour déplacer l’air au-delà de leurs feuilles, comme un ventilateur.Si vous avez une plante qui pousse dans le coin d’une pièce, cela aura un effet dans cette pièce. Mais sans flux d’air, il faudra beaucoup de temps pour qu’une molécule à l’autre bout de la maison atteigne votre plante », précisent les auteurs.

Enfin, l’équipe s’emploie actuellement à accroître les capacités des plantes en ajoutant une protéine capable de décomposer une autre molécule dangereuse présente dans l’air ambiant : le formaldéhyde. Cette dernière est présente dans certains produits en bois, tels que les revêtements de sol et les armoires en stratifié, et la fumée de tabac.
« Ce sont tous des composés stables, il est donc très difficile de s’en débarrasser. Sans protéines pour décomposer ces molécules, nous devrions utiliser des processus à haute énergie pour le faire. C’est tellement plus simple et plus durable de rassembler toutes ces protéines dans une plante d’intérieur », concluent les chercheurs.
En attendant que cette plante soit disponible sur le marché, n’hésitez pas à vous procurer sa version classique, qui est facile à trouver et qui ne demande pas beaucoup d’entretien.
Et pour la qualité de l’air de votre habitation, n’oubliez pas de respecter certains consignes, surtout si vous avez des enfants ou des allergies : bien aérer, éviter tous les produits polluants, proscrire les désodorisants et autres anti-odeurs (bio ou non), et si vous utilisez des bougies et des encens, prenez soin de choisir les versions les plus naturelles et d’aérer au maximum.
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Décembre 2018
Ce blog nutrition santé n’a pas vocation à remplacer votre relation avec votre médecin traitant. Les renseignements contenus sur le Blog Nutrition Santé sont tous rédigés avec des sources scientifiques et ne peuvent pas répondre à des questions médicales spécifiques, mais sont donnés à des fins purement informatives et complémentaires. Lire la suite.
Sources externes
- « Greatly Enhanced Removal of Volatile Organic Carcinogens by a Genetically Modified Houseplant, Pothos Ivy (Epipremnum aureum) Expressing the Mammalian Cytochrome P450 2e1 Gene. », Environmental Science & Technology, 2018; DOI: 10.1021/acs.est.8b04811