Découverte de la première preuve d’un « système de déchets » du corps dans le cerveau

Découverte d’une preuve d’un système de drainage de déchets du corps dans le cerveau

Les techniques modernes de coloration, de traçage, ou d’imagerie cérébrale permettent de dresser des cartes du cerveau humain beaucoup plus précises aujourd’hui. Et heureusement, puisque par le passé, les connaissances de l’anatomie humaine et leurs colportages n’ont pu être réalisées que par la réunion de deux paramètres : les progrès de l’imprimerie et l’autorisation de l’anthropotomie (dissections humaines).

La Leçon d'anatomie du docteur Tulp
« La Leçon d’anatomie du Dr.Tulp », Rembrandt

Cependant, cette cartographie peut se heurter à des problèmes et des limitations dues à la complexité de l’objet à cartographier. Mais la persévérance paye et dans le cadre de la recherche, certaines équipes font régulièrement des découvertes majeures malgré les difficultés. C’est le cas récent d’une équipe spécialisée dans les troubles neurologiques.

"Judith décapitant Holopherne" Le Caravage

« Judith décapitant Holopherne » Le Caravage

Une découverte majeure pour les troubles neurologiques


En examinant le cerveau de plusieurs volontaires en bonne santé, des chercheurs du National Institutes of Health (États-Unis) ont découvert les premières preuves longtemps recherchées que notre cerveau pourrait drainer certains déchets à travers les vaisseaux lymphatiques, qui sont une sorte de « système d’égout du corps ».

En outre, les résultats de l’étude publiée le 3 octobre 2017 dans la revue eLife Sciences suggèrent que les vaisseaux pourraient servir de « pipeline » entre le cerveau et le système immunitaire. Les chercheurs ont observé que les cerveaux des gens drainent le fluide dans des vaisseaux. Ainsi, ils espèrent que les résultats fournissent de nouvelles pistes sur une variété de troubles neurologiques.

Une découverte majeure pour les troubles neurologiques

Des vaisseaux lymphatiques situés dans la dure-mère


L’équipe a découvert des vaisseaux lymphatiques dans la dure-mère. La dure-mère est l’une des trois couches des méninges. Elles-mêmes sont situées au niveau du système nerveux central, elles sont constituées de membranes conjonctives enveloppant le système nerveux central : l’encéphale et la moelle épinière. La dure-mère est composée de tissu conjonctif dense, elle est la membrane la plus externe et la plus résistante des méninges.

Les vaisseaux lymphatiques font partie du système circulatoire du corps. Dans presque l’entièreté du corps, ils courent aux côtés des vaisseaux sanguins. Ils transmettent la lymphe (liquide biologique), un fluide incolore contenant des cellules immunitaires et des déchets, aux ganglions lymphatiques.

Les vaisseaux sanguins livrent des globules blancs dans un organe et le système lymphatique élimine les cellules et les reconduit à travers le corps. Le processus aide le système immunitaire à détecter si un organe est attaqué par des bactéries ou des virus ou a été blessé. Autant dire que ce fonctionnement est vital.

Le cerveau humain

En 1816, l’anatomiste italien Paolo Mascagni a déclaré avoir trouvé des vaisseaux lymphatiques à la surface du cerveau, mais depuis deux siècles cette idée n’a pas eu de véritable porte-flambeau. Jusque tout récemment, les chercheurs de l’ère moderne ne trouvaient aucune preuve d’un système lymphatique dans le cerveau, laissant un peu perplexe sur la façon dont le cerveau draine les déchets et d’autres pour conclure que le cerveau est un organe exceptionnel. Ensuite, en 2015, deux études sur les souris ont montré des signes du système lymphatique du cerveau dans la dure-mère. Celles-ci ont soulevé activement la curiosité de plusieurs scientifiques.

Pour chercher les vaisseaux lymphatiques, les chercheurs ont utilisé l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour analyser le cerveau de cinq volontaires sains qui avaient reçu une injection contenant une molécule particulière (gadobutrol), qui est un colorant magnétique généralement utilisé pour visualiser les vaisseaux sanguins du cerveau endommagés par des maladies telles que la sclérose en plaques (SEP) ou le cancer. Les molécules de colorants sont assez petites pour sortir des vaisseaux sanguins dans la dure-mère mais trop grandes pour passer à travers la barrière hémato-encéphalique et entrer dans d’autres parties du cerveau.

Au début, lorsque les chercheurs ont réalisé l’IRM pour voir les vaisseaux sanguins, la dure-mère brillait, et ils ne pouvaient voir aucun signe du système lymphatique. Mais, lorsqu’ils ont réglé le scanner différemment, les vaisseaux sanguins ont disparu, et les chercheurs ont vu que la dure-mère contenait également des taches et des lignes plus petites, mais presque aussi lumineuses. Les résultats ont suggéré que le colorant a filtré hors des vaisseaux sanguins, a traversé la dure-mère et les vaisseaux lymphatiques voisins.

Pour tester cette idée, les chercheurs ont effectué une autre série de tests sur deux sujets après leur première injection avec un deuxième colorant constitué de molécules plus grandes. Contrairement au premier cycle de tests, les chercheurs ont vu des vaisseaux sanguins dans la dure-mère mais pas de vaisseaux lymphatiques indépendamment de la façon dont ils ont réglé le scanner, confirmant leurs soupçons. Les chercheurs précisent aussi que « le système lymphatique serait une caractéristique commune du cerveau des mammifères ».

Enfin, ces résultats pourraient changer fondamentalement la manière et la façon dont le cerveau et le système immunitaire s’identifient. L’équipe envisage d’étudier si le système lymphatique fonctionne différemment chez les patients atteints de sclérose en plaques ou d’autres troubles neuro-inflammatoires, notamment puisque leurs résultats confirment que le fluide qui entre dans le cerveau, comme d’autres organes du corps, peut s’écouler à travers le système lymphatique.

 

© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Octobre 1976


Sources externes
  • « Human and nonhuman primate meninges harbor lymphatic vessels that can be visualized noninvasively by MRI. », eLife 2017;6:e29738 doi: 10.7554/eLife.29738, https://elifesciences.org/articles/29738