La capacité d’être résilient permet de prévenir l’intimidation et la victimisation.
La résilience est sur le devant de la scène depuis quelques années dès que l’on parle de psychologie, de développement personnel ou d’expériences de vie. De façon générale, elle désigne la capacité d’une personne à surmonter un choc traumatique.
En France, le porte-flambeau de la résilience est le neuro-psychiatre Boris Cyrulnik qui la définit comme une « aptitude d’un corps à résister aux pressions et à reprendre sa structure initiale. En psychologie, la résilience est la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité », une sorte de processus de réparation de soi inventés par les rescapés de l’horreur.
Dans une récente étude publiée en septembre 2017, des chercheurs indiquent que la résilience à l’adversité détermine si un enfant survit ou prospère lorsqu’il est victime d’intimidation. Les résultats montrent le pouvoir de la résilience en tant que facteur de protection.
Face aux traumatismes, certains s’en tirent mieux que d’autres
C’est inévitable. La plupart des enfants connaîtront au cours de leur vie une forme d’intimidation à un moment donné. Ce qui n’est pas inévitable, c’est qu’ils seront affectés par l’expérience.
Pourquoi certains enfants sont-ils dévastés par l’intimidation alors que d’autres ne le sont pas ? Y a-t-il une caractéristique ou un trait personnel majeur qui les rend sensibles et les protège contre l’intériorisation des préjudices causés par l’intimidation et la cyberintimidation ? La réponse est un oui.
La réponse est un oui retentissant. Ce trait est la résilience ou la capacité de rebondir, et de s’adapter avec succès à des situations stressantes. Une nouvelle étude réalisée par la Florida Atlantic University et l’Université de Wisconsin-Eau Claire, publiée dans la revue Child Abuse & Neglect, confirme comment la résilience différencie les enfants qui survivent à l’intimidation de ceux qui prospèrent face à l’adversité.
En fait, les enfants jouent un rôle important en autorisant ou en refusant le mal qui se produit quand ils sont victimes d’intimidation. Étonnamment, la capacité d’être résilient vient naturellement, mais elle doit être nourrie par des facteurs sociaux et environnementaux.
Cultiver la résilience des jeunes pour prévenir l’intimidation et la victimisation par la cyberintimidation
Les chercheurs ont émis l’hypothèse que les jeunes résilients sont moins susceptibles d’être la cible d’intimidation à la fois à l’école et en ligne (sur Internet). Pour tester ce concept, ils ont utilisé une échelle de résilience biopsychosociale validée pour explorer la relation entre la résilience et l’expérience de l’intimidation et de la cyberintimidation. L’échelle comprenait des énoncés comme : « Je peux faire face à tout ce qui m’arrive », « Je ne suis pas facilement découragé par l’échec » et « Devoir faire face au stress me rend plus fort », avec des éléments évaluant à la fois la capacité de protection de la résilience, et la capacité réparatrice à rétablir l’équilibre dans la vie des jeunes lorsqu’ils font face à l’adversité.
Sur la base d’un échantillon national (aux États-Unis) représentatif de 1 204 jeunes âgés de 12 à 17 ans et vivant aux États-Unis, les résultats de l’étude ont révélé que, de manière uniforme, les élèves ayant des niveaux de résilience plus élevés étaient moins intimidés à l’école ou en ligne, la résilience a servi de « tampon », en les empêchant d’être affectées négativement à l’école. Leur expérience de diverses formes de préjudice interpersonnel chez les pairs variait également inversement avec le niveau de résilience auto-déclaré des élèves.
La résilience est un puissant facteur de protection, à la fois dans la prévention de l’expérience de l’intimidation et l’atténuation de ses effets. Les enfants résilients sont ceux qui, pour diverses raisons, sont plus à même de résister aux pressions et aux revers externes et sont moins affectés négativement dans leurs attitudes et leurs actions que leurs pairs moins équipés face à ce type de victimisation.
Les chercheurs espèrent que les dernières données de leur étude attireront l’attention sur une composante souvent négligée et même oubliée des façons dont les écoles, les familles et les communautés abordent le rôle et la responsabilité de l’enfant victime d’intimidation.
L’objectif des chercheurs est aussi de partager leurs recherches sur la résilience avec les associations et les entreprises de médias sociaux afin d’aider les cibles à s’aider elles-mêmes.
Souvent, nous voulons que les enfants apprennent et développent les compétences dont ils ont besoin pour faire face aux problèmes, mais nous ne les aidons que rarement à résoudre ces problèmes afin qu’ils puissent grandir dans leur capacité à les résoudre. Au lieu de cela, nous cherchons souvent à les protéger et à les isoler constamment — au lieu de renforcer leur confiance en eux, leur capacité à résoudre des problèmes, leur autonomie et leur sens des objectifs — qui sont toutes des forces innées.
Enfin, les chercheurs soulignent que dans de nombreuses formes d’intimidation verbales et en ligne, les cibles ont un organisme pour permettre ou rejeter une grande partie du mal que d’autres tentent d’infliger. En tant que tels, les adultes au service des jeunes ont la responsabilité d’enseigner et de modéliser pour eux les stratégies appropriées pour détourner, rejeter ou autrement s’élever au-dessus des insultes et de la haine.
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Octobre 2017
Sources externes
- « Cultivating youth resilience to prevent bullying and cyberbullying victimization », Child Abuse Negl. 2017 Septembre 22;73:51-62. doi: 10.1016/j.chiabu.2017.09.010, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28945996
- « Résilience : comment ils s’en sortent », http://www.psychologies.com/Therapies/Psychanalyse/Travail-psychanalytique/Interviews/Resilience-comment-ils-s-en-sortent