Stress psychologique et nutrition

Influence du stress psychologique sur l’alimentation

L’effet du stress psychologique sur l’alimentation a beaucoup été étudié ces dernières années en raison de sa forte prévalence dans les sociétés dites modernes.

Il peut avoir diverses origines et être capable de mener à différents comportements alimentaires, favorisant ainsi la prise ou la perte de poids.

Le stress est une agression de l’organisme par un agent physique, psychique, émotionnel entraînant un déséquilibre qui doit être compensé par un travail d’adaptation ; agent qui agresse ; tension nerveuse, contrainte de l’organisme face à un choc (événement soudain, traumatisme, sensation forte, bruit, surmenage) ; état d’une personne soumise à cette tension.

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Stress et prise alimentaire

Stress et prise alimentaire


Le stress semble influencer divers aspects du comportement alimentaire, comme l’envie ou non de manger ainsi que la composition et la quantité des aliments choisis.

Il fait appel à plusieurs réactions physiologiques complexes au sein de l’organisme pouvant engendrer une diminution ou une augmentation de l’appétit et par conséquent de la prise de nourriture.

Certaines études rapportent qu’une diminution de l’apport alimentaire suite à un évènement stressant pourrait s’expliquer par l’activation du système nerveux sympathique (lié par exemple à la fuite face un danger extérieur) et l’inhibition du système nerveux parasympathique (associé à l’ingestion et au repos).

D’autres études révèlent une augmentation de la consommation de nourriture qui s’expliquerait par une activité accrue de l’axe reliant le système nerveux au système endocrinien, autrement dit l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (ou « axe HHS »). Cela mènerait ensuite à une production de cortisol, une hormone dont l’un des rôles importants serait d’induire la sensation de faim.

Bien que pris séparément la plupart du temps, il est possible que les différents effets physiologiques arbitrés par le stress puissent s’additionner ou s’annuler, rendant alors incertaine la prédiction d’un comportement alimentaire donné.

Les études cliniques sur l’Homme


Les résultats empiriques de la relation entre le stress et l’alimentation sont disparates.

En effet, la recherche sur l’Homme a su montrer qu’un événement anxiogène pouvait entraîner une consommation alimentaire réduite, inchangée ou bien accrue chez tout individu.

La relation existant entre l’anxiété et le comportement alimentaire semble donc complexe et certaines données parviennent à se contredire. Des expériences scientifiques démontrent que lors d’évènements anxiogènes, une consommation accrue de nourriture est plus probable, tandis que d’autres n’ont trouvé aucun changement dans l’alimentation.

Certains chercheurs expliquent cette hétérogénéité des résultats par la non-prise en compte des émotions.

Ils optent alors pour une séparation plus marquée entre les évènements stressants et l’état émotionnel quant aux altérations du comportement alimentaire.

Toutefois et malgré cette dissociation, les recherches cliniques s’effectuent dans des conditions standardisées et ne peuvent pas reproduire à l’identique les conditions sociales et environnementales de chaque individu. Il est donc difficile d’observer réellement l’incidence d’un stress psychologique sur l’alimentation en laboratoire.

Le stress en conditions réelles


Afin de mieux rendre compte de la réalité, l’Évaluation Écologique Momentanée (EMA) est de plus en plus utilisée depuis ces 10 dernières années pour observer le comportement alimentaire d’une population dans son environnement habituel.

Stress en condition réelle

Cette méthode préserve les conditions naturelles en enregistrant des informations au fur et à mesure que les personnes se livrent à leurs activités. Elle a par exemple permis de révéler que les employés de bureau augmentaient leur grignotage lorsqu’ils étaient confrontés à une anxiété interpersonnelle, alors que ces mêmes travailleurs diminuaient leurs collations si le stress était lié à une contrainte temporelle.

En fonction donc de l’état émotionnel, la réponse de l’organisme à un événement angoissant varie considérablement.

Cela pourrait expliquer pourquoi les mécanismes physiologiques favorisant la prise de nourriture dominent chez certains et non chez d’autres. Le fait de ne pas prendre en compte les différences émotionnelles interindividuelles pourrait masquer tout effet du stress sur les comportements alimentaires ou conduire à des résultats incohérents d’une étude à l’autre comme cela a déjà pu être observé.

L’impact des émotions négatives


L’influence des émotions négatives sur l’alimentation dépend notamment de l’intensité de l’émotion ressentie.

Les émotions de forte intensité comme la peur ont tendance à inhiber la prise alimentaire car elles sont liées à une activation du système nerveux sympathique. En revanche, les émotions négatives avec des niveaux d’intensité plus modérés comme la tristesse peuvent diminuer ou augmenter l’apport de nourriture en fonction des caractéristiques propres à un individu et son environnement.

Le terme d’alimentation émotionnelle est largement utilisé pour désigner une tendance à manger en réponse à des émotions négatives, les aliments choisis étant principalement riches en calories et très appétissants. Bien que les raisons de ces comportements ne soient pas entièrement comprises, divers facteurs sont susceptibles d’être impliqués tels que des expériences défavorables durant l’enfance ou l’adolescence, la sécrétion plus ou moins forte de cortisol par l’axe HHS se rapportant aux caractéristiques génétiques de chacun ou bien un stress psychologique constant.

Alimentation émotionnelle

Il est également nécessaire de prendre en compte l’importance des facteurs externes qui influent grandement sur le choix des aliments, comme la nourriture à disposition, le temps pour cuisiner, le bruit ou encore les odeurs.

Le stress psychologique peut engendrer une modification dans le comportement alimentaire mais cela demande d’effectuer une distinction plus précise entre les individus et leurs caractéristiques propres afin de parvenir à des résultats concluants.

La prise en compte de l’état émotionnel au cours d’un événement anxiogène n’est pas à négliger et semble même être un élément important pour comprendre une orientation vers tel ou tel changement. En outre, l’environnement dans lequel se trouve une personne ainsi que son parcours de vie sont aussi à prendre en considération.

En somme, il n’existe pas un effet du stress psychologique sur l’alimentation mais une relation complexe faisant intervenir divers facteurs internes et externes. C’est cette relation propre à chaque personne qui semble déterminer l’orientation vers un comportement alimentaire plutôt qu’un autre.

© Février 2021 – Thomas GAUDIN – Blog Nutrition Santé

Sources

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  • Photos © ottonbro ; Marcel Heil ; Tima Miroshniche via https://www.pexels.com/fr-fr/

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