Des enfants observés dans des orphelinats pendant plus de dix années montrent que des modifications chromosomiques pourraient affecter leur santé future.
Réalisée auprès d’enfants d’orphelinats roumains, l’étude suggère que les effets du stress infantile pourraient être visibles dans leur ADN à mesure qu’ils grandissent.
Les enfants qui ont passé leurs premières années de vie les orphelinats roumains ont des télomères plus courts que les enfants qui ont grandi dans des familles d’accueil, selon une étude publiée le 17 mai 2011 dans la revue Molecular Psychiatry [1].
Les télomères sont des zones tampons de l’ADN (acide désoxyribonucléique) non codant à l’extrémité des chromosomes. Leur absence indique la perte rapide d’informations génétiques nécessaires au fonctionnement cellulaire.
Les télomères deviennent un peu plus court à chaque fois qu’un chromosome se réplique durant la division cellulaire, mais le stress peut aussi les faire se raccourcir. Les télomères courts sont associés à une série de maladies chez les adultes, allant du diabète à la démence.

L’étude fait partie d’un projet implanté à Bucarest, dont le programme a été lancé en 2000 par des chercheurs américains.
Le programme d’étude visait à comparer la santé et le développement des enfants roumains élevés dans l’environnement stressant d’un orphelinat avec ceux des familles d’accueil, où ils reçoivent plus d’attention individuelle et une meilleure qualité de soins.
Lorsque l’étude a commencé, les orphelinats d’État étaient encore monnaie courante en Roumanie, et un système de placement familial a été créé spécialement pour ce projet.
L’observation a été porté sur 136 enfants de l’orphelinat âgés entre 6 et 30 mois, dont la moitié ont été assignés au hasard à des familles d’accueil. L’autre moitié est restée vivre dans les orphelinats.
Les chercheurs ont obtenu des échantillons d’ADN auprès des enfants quand ils étaient âgés entre 6 et 10 ans, afin de mesurer la longueur de leurs télomères.
Ils ont constaté que plus les enfants avaient vécu à l’orphelinat dès la petite enfance – avant l’âge de 4 ans et demi – plus leurs télomères étaient courts. « Cela montre que d’être placés dans des institutions affecte les enfants jusqu’au niveau moléculaire », explique le Docteur Stacy Drury.

Un programme de suivi des enfants et améliorer leur santé
L’équipe de chercheurs affirme que de nombreux aspects de la santé d’un enfant peuvent s’améliorer s’ils sont déplacés d’un établissement vers un environnement familial.
Reste à savoir si les télomères repousseraient ainsi. Bien que les télomères raccourcissent avec l’âge en général, ils peuvent aussi se prolonger par l’action d’une enzyme appelée télomérase.
Le groupe de recherche Hovatta de l’Université de Helsinki [3] (non impliquée dans cette étude), suggère par ailleurs que les télomères raccourcis pourraient ne pas l’être de manière permanente.
Elle indique que « Les études faites chez l’adulte ont montré que la longueur des télomères de certains individus augmente au fil du temps, ce qui tend à se produire chez les personnes qui ont des télomères plus courts dès le départ ».
Le programme de cette étude va semblablement inclure un suivi, qui va permettre de confirmer si l’environnement d’un orphelinat a conduit à une programmation épigénétique (influence de l’environnement et de l’histoire individuelle sur l’expression des gènes) – chimique, plutôt que des séquences de modifications de l’ADN – qui a causé la réduction ou l’allongement des télomères des enfants. Le suivi envisagé pourrait également contribuer à répondre à la question de savoir si des télomères plus courts sont une cause sur des mauvais effets pour la santé. Durant l’étude, les chercheurs ont réalisés des dossiers médicaux individuels (physiques et cognitifs) qui permettront d’analyser si les enfants des deux groupes diffèrent en termes de développement mental et physique.
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Mai 2011

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Sources externes
[1] Molecular Psychiatry, Nature doi:10.1038/mp.2011.53 (2011)
[2] Kananen, L. et al. PLoS ONE 5, e10826 (2010) et Tyrka, A. R. et al. Biol Psychiatr. 67, 531-534 (2010) / Blog Molecular Psychiatry.
[3] Group Hovotta
Inserm : Définir Télomères et Télomèrases inserm.fr/thematiques/cancer/dossiers/telomeres-et-telomerase
2 réflexions sur “Le stress pourrait raccourcir les télomères dès l’enfance”
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