La consommation excessive d’alcool a des effets catastrophiques sur la santé physique et mentale. En dehors de l’addiction qui peut exister, la consommation d’alcool est aussi un partage convivial ou rituel dans de nombreuses cultures.
Selon l’OMS, « l’usage nocif de l’alcool est un facteur étiologique dans plus de 200 maladies et traumatismes. L’usage nocif de l’alcool a des répercussions majeures sur la santé publique. C’est le troisième facteur de risque de décès prématuré et d’incapacité dans le monde.
En 2004, on a estimé qu’il était à l’origine d’environ 2,25 millions de décès prématurés et de 4,5% de la charge de morbidité au niveau mondial, même en tenant compte des effets protecteurs d’une consommation d’alcool ‘faible’ à ‘modérée’.
Les études montrent que, même si les quantités, les modes de consommation et le contexte social varient d’une région, d’une nation et d’une communauté à l’autre, les effets négatifs généraux sur la santé apparaissent néanmoins clairement. »

Trouver des traitements, comprendre comment fonctionne l’addiction et la raison pour laquelle certaines personnes souhaitent boire de l’alcool, sont des sujets d’étude importants dans le secteur de la recherche. Une étude publiée en août 2017 dans le journal officiel de la Psychoneuroimmunology Research Society (PNIRS), « Brain, Behavior, and Immunity », révèle la découverte d’un fonctionnement entre le système immunitaire et le comportement associé à la consommation d’alcool.
Le désir du cerveau à boire de l’alcool
Des chercheurs de l’Université d’Adélaïde (Australie) ont trouvé de nouveaux liens entre le système immunitaire du cerveau et le désir de boire de l’alcool le soir.
Dans les études de laboratoire, les chercheurs ont pu éteindre l’impulsion pour boire de l’alcool en donnant à des souris un médicament qui bloque une réponse spécifique du système immunitaire dans le cerveau.
Rappelons que de petits vaisseaux relient le cerveau et le système immunitaire, et leur analyse permet de mieux comprendre comment fonctionnent certaines maladies neurologiques. Le cerveau, qui est un sanctuaire pour de nombreux virus, ne contient pas de lymphocytes. C’est la microglie qui assure le système immunitaire dans le cerveau. La micrologie a une fonction cruciale, et correspond à un ensemble de cellules microgliales, qui composent une partie des cellules du système nerveux central.
Rythme circadien, cerveau et consommation d’alcool
Cette recherche vient de mettre à jour un lien évident entre l’immunité du cerveau et la motivation pour boire de l’alcool la nuit. Notre rythme circadien affecte les signaux « de récompense » envoyés dans certaines zones du cerveau liées au comportement entretenu par une personne avec la drogue.
Les chercheurs ont constaté que le temps optimal pour cette « récompense » se produit généralement au cours de la soirée, ou dans une phase sombre. Les chercheurs ont voulu tester ce que le rôle du système immunitaire du cerveau peut avoir sur cette récompense, et si un contrôle de ce fonctionnement pourrait être envisagé afin « d’éteindre » ce fonctionnement.
Ils ont concentré leur attention sur le récepteur immunitaire nommé Toll Like Receptor 4 (TLR4). « TLR 4, parfois également nommé CD 284, est un récepteur membranaire retrouvé sur les macrophages ainsi que sur certains adipocytes1,2. Son gène est le TLR4 situé sur le chromosome 9 humain« .
Ils ont administré à des souris un médicament connu pour bloquer TLR4. Les études ont montré une réduction significative du comportement de consommation d’alcool par les souris qui avaient consommé ce médicament en particulier la nuit, quand la récompense du comportement liée à la drogue est généralement à son pic de fonctionnement.
Enfin, les chercheurs affirment que ces résultats soulignent la nécessité de poursuivre les recherches pour comprendre les implications pour la consommation comportement chez l’homme.
L’étude fait partie d’un domaine émergent qui met en évidence l’importance du système immunitaire dans le désir du cerveau à boire de l’alcool. Compte tenu de la culture de la boisson alcoolisée qui existe dans de nombreux pays à travers le monde, y compris, la dépendance associée à l’alcool et l’enjeu de la santé des consommateurs, il est de rigueur de soutenir la recherche dans ce domaine pour trouver des traitements (médicamenteux et non médicamenteux) contre l’addiction à l’alcool et ses méfaits.
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Septembre 2017
Sources externes
- « The efficacy of (+)-Naltrexone on alcohol preference and seeking behaviour is dependent on light-cycle. », Brain Behav Immun. 30 août 2017. pii: S0889-1591(17)30411-7. doi: 10.1016/j.bbi.2017.08.021., https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28864261
- Microglie : origine et développement, http://www.academie-medecine.fr/publication100034789/
- TLR4 (définition), https://fr.wikipedia.org/wiki/TLR4