Le sens de l’odorat et les émotions ou souvenirs liés aux odeurs ne sont pas les mêmes pour tout le monde.
Les signaux cérébraux subtils qu’une odeur développe, activent un mécanisme biochimique complexe de mémorisation et effacement des souvenirs.
La recherche s’intéresse beaucoup à ce domaine, qui peut aider à mieux comprendre le fonctionnement des troubles cognitifs tels que la maladie d’Alzheimer.
Les odeurs sont transformées en souvenirs à long terme
Dans une étude récente publiée dans la revue Cerebral Cortex (Oxford Academy), des neuroscientifiques allemands ont étudié quelle zone du cerveau est responsable du stockage des odeurs en tant que souvenirs à long terme. Certaines odeurs peuvent déclencher chez les humains des souvenirs d’expériences datant de plusieurs années passées.
Les résultats de cette étude montrent que le cortex piriforme (une partie importante du cerveau olfactif) est impliqué dans le processus de sauvegarde de ces souvenirs. Cependant, le mécanisme ne fonctionne qu’en interaction avec d’autres zones du cerveau.
Nous savons que le cortex piriforme est capable de stocker temporairement des souvenirs olfactifs. Les neuroscientifiques du département de neurophysiologie de la faculté de médecine à la Ruhr-Universität Bochum (Allemagne), voulaient savoir si cela s’applique également aux souvenirs à long terme.
Le cortex piriforme et le cortex orbitofrontal collaborent pour stocker nos souvenirs
La plasticité synaptique est responsable du stockage des souvenirs dans les structures de la mémoire du cerveau. Au cours de ce processus, la communication entre les neurones est modifiée au moyen d’un processus appelé plasticité synaptique, de sorte qu’une mémoire est créée.
Les chercheurs ont examiné si le cortex piriforme est capable d’exprimer la plasticité synaptique et si ce changement dure plus de quatre heures, indiquant que la mémoire à long terme peut avoir été établie.
Afin de réaliser cette étude, les scientifiques ont utilisé des impulsions électriques dans le cerveau pour émuler des processus qui déclenchent l’encodage d’une sensation olfactive en tant que mémoire. Ils ont utilisé différents protocoles de stimulation qui ont varié dans la fréquence et l’intensité des impulsions.
Par ailleurs, il est connu que ces protocoles peuvent induire des effets à long terme dans l’hippocampe — qui est une autre zone du cerveau responsable des souvenirs à long terme. La découverte révèle que les mêmes protocoles n’ont pas induit de stockage d’information à long terme sous la forme de plasticité synaptique dans le cortex piriforme.
Enfin, les scientifiques se sont demandé si le cortex piriforme a la charge de créer une mémoire à long terme. Ils ont ensuite stimulé une zone cérébrale supérieure appelée le cortex orbitofrontal, qui entre en jeu dans le processus de décision, et responsable de la différenciation des expériences sensorielles.
La stimulation de la zone du cerveau a généré le changement souhaité dans le cortex piriforme. L’étude montre que le cortex piriforme est en effet capable de servir d’archives pour des souvenirs à long terme. Néanmoins, il nécessite une instruction du cortex orbitofrontal (zone du cerveau plus élevée) indiquant qu’un événement doit être stocké dans la mémoire à long terme. Pour conclure, ces résultats vont permettre d’améliorer la recherche de traitements de certains troubles cognitifs
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Décembre 2017
Sources externes
- « In the Piriform Cortex, the Primary Impetus for Information Encoding through Synaptic Plasticity Is Provided by Descending Rather than Ascending Olfactory Inputs« , Cerebral Cortex, 24 novembre 2017, DOI: 10.1093/cercor/bhx315, https://doi.org/10.1093/cercor/bhx315
- « How odours are turned into long-term memories« , Ruhr-Universität Bochum, http://news.rub.de/english/press-releases/2017-12-22-neuroscience-how-odours-are-turned-long-term-memories