Dans une étude publiée dans la revue JAMA Psychiatry le mercredi 7 mars 2018, des chercheurs montrent le réseau complexe de liens entre les caractéristiques physiques et comportementales — tels que l’âge, l’indice de masse corporelle (IMC) et la consommation de substances — et les modèles spécifiques de structure et de fonction cérébrale chez les patients psychotiques.
Cette étude est importante parce que bon nombre de caractéristiques peuvent être ciblées cliniquement pour améliorer la santé du cerveau chez ces patients.
Caractéristiques physiques et santé du cerveau
Les chercheurs ont démontré, pour la première fois, le réseau complexe de liens entre les caractéristiques physiques et comportementales – tels que l’âge, l’indice de masse corporelle (IMC) et la toxicomanie – et les modèles spécifiques de structure et de fonction cérébrale chez les patients atteints de psychose.
Les chercheurs ont constaté, entre autres, que la santé du cerveau diminue à mesure que l’âge avance, et que l’IMC et l’utilisation de certaines substances augmentent. Mais les QI (quotient intellectuel) plus élevés étaient positivement associés à de multiples mesures de la santé du cerveau chez les personnes atteintes de psychose.
Nouvelles cibles pour des interventions cliniques contre les troubles psychotiques
La psychose est un terme utilisé pour décrire les troubles mentaux graves caractérisés par des symptômes dans lesquels un individu a des expériences sensorielles de choses qui n’existent pas ou des croyances sans fondement dans la réalité.
En France métropolitaine, les premières estimations nationales, issues du RIM-P (Recueil d’Information Médicalisé en Psychiatrie), indiquent qu’en 2012 en France métropolitaine, environ 235 000 habitants, soit 3,7 pour 1000 habitants, ont été pris en charge pour des troubles psychotiques par les établissements de santé ayant une activité psychiatrique (EP). — in L’état de santé de la population en France
Aucun pays n’est épargné. Par exemple, aux États-Unis, environ 100 000 personnes souffrent de psychose chaque année et auront un épisode à un moment donné de leur vie (jusqu’à 3 personnes sur 100 ). Les résultats de cette étude ont des implications importantes pour les soins cliniques, car ils identifient plusieurs facteurs modifiables qui peuvent être ciblés pour améliorer la santé du cerveau chez les patients souffrant de psychose.
L’équipe de recherche a examiné les données de 140 patients diagnostiqués avec une psychose. Ils ont réalisé des IRM cérébrales à haute résolution pour mesurer le volume du cerveau, l’épaisseur corticale, les connexions entre les régions du cerveau et la connectivité des régions du cerveau pendant les tâches mentales.
Les chercheurs ont ensuite utilisé une méthode statistique appelée « analyse canonique des corrélations« , qui permet de comparer deux groupes de variables quantitatives appliquées tous deux sur les mêmes individus. Cette méthode a été utilisée pour découvrir les relations entre les caractéristiques de l’intégrité cérébrale et les mesures de l’âge, les capacités cognitives, l’IMC, l’usage de substances, l’activité physique, les traumatismes psychologiques, les antécédents familiaux de problèmes mentaux et la gravité des symptômes.
De la nécessité d’améliorer le bien-être physique et la santé du cerveau
Ils ont découvert qu’un âge plus élevé, un IMC plus élevé et des symptômes psychotiques plus graves étaient négativement associés à l’épaisseur corticale et à l’activation cérébrale pendant les tâches mentales. Inversement, un QI plus élevé a montré des associations positives. De plus, l’utilisation de substances (drogues) était négativement associée à des mesures du volume cérébral et du câblage cérébral.
Enfin, ces résultats fournissent de nouvelles perspectives sur les nombreux facteurs qui influencent l’intégrité du cerveau chez les patients atteints de psychose et fournissent des preuves du besoin d’interventions physiques et cognitives intégrées en plus des soins psychiatriques.
Les patients atteints de psychose ont souvent de multiples problèmes de santé qui nuisent à leur fonction quotidienne et réduisent l’espérance de vie par rapport à la population générale. Améliorer le bien-être physique et la santé du cerveau devrait être les deux piliers des soins cliniques pour les troubles psychotiques.
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Mars 2018
Sources externes
- « Multivariate Associations Among Behavioral, Clinical, and Multimodal Imaging Phenotypes in Patients With Psychosis« , JAMA Psychiatry. 7 Mars 7, 2018. doi:10.1001/jamapsychiatry.2017.4741, https://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/article-abstract/2673930?redirect=true
- « L’état de santé de la population en France« , Édition 2015, http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/154000124.pdf