Pourquoi supprimer les friandises des caisses de supermarchés ?

Pourquoi supprimer les friandises des caisses de supermarchés ?

Supprimer les friandises et les snacks des caisses de supermarchés provoque une chute spectaculaire des achats de collations malsaines.


Qui n’a jamais craqué pour une friandise ou un snack de dernière minute à la caisse d’un supermarché me jette la première pierre.

Vous le connaissez ce sentiment de faim et de gourmandise pendant que vous bullez dans une file d’attente d’un diabolique supermarché ? Vous le voyez ce présentoir, à portée de mains des plus jeunes, qui regorge de friandises multicolores, de barres chocolatées, de chewing-gum,….

Une étude, publiée le 18 décembre 2018 dans la revue PLOS Medicine, a révélé que 17% de moins de petits emballages de confiseries sucrées, de chips,  ou de chocolat étaient achetés et rapportés des supermarchés immédiatement après l’instauration d’une politique concernant les achats à la caisse.

Obésité et supermarchés
Les dangers des friandises et snacks sur la santé.

Obésité et supermarchés


En 2011, Roselyne Bachelot, ex-ministre et docteur en pharmacie,  souhaitait que soit mise en œuvre une loi pour le retrait des confiseries près des caisses des supermarchés.

Presque 8 années plus tard, rien n’a changé et le nombre de produits s’est élargi, comme le tour de taille de certaines personnes.

Le poids financier des supermarchés et des grandes entreprises derrière ce système juteux a les cartes entre les mains.

Finalement, que l’on soit ministre ou pas, le clapet démagogue des belles paroles de campagne et des réformes se referme facilement et se retrouve aux oubliettes. 

Pourtant, le retrait des confiseries près des caisses des supermarchés était l’une des mesures annoncées sous la présidence de Nicolas Sarkozy par la ministre de la Santé pour lutter contre l’obésité infantile.

La santé des enfants semble bien moins importante que la vaisselle ou la moquette de l’Élysée.

De plus, dans cette mascarade de bêtises débitées par les politiciens véreux, à l’époque de cette proposition de réforme, la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) qui regroupe les grandes enseignes n’était pas emballée.

Plus fort encore, cette fédération réclamait d’abord une étude sur les effets d’une telle mesure. Le monde à l’envers existe bel et bien.

Aujourd’hui, en 2018, rien n’a bougé. Cependant, une étude vient justement souligner l’importance de supprimer des présentoirs de caisses de supermarchés les friandises et autres snacks.

Le retrait des confiseries des caisses de supermarchés

Le retrait des confiseries des caisses de supermarchés


Des politiques visant à supprimer les friandises et les snacks des caisses pourraient entraîner une réduction spectaculaire de la quantité d’aliments malsains achetés « à emporter » et une réduction significative de ceux achetés à emporter à la maison, suggère une nouvelle recherche menée par l’Université de Cambridge (Grande-Bretagne).

L’étude révèle que 17% de moins de petits emballages de confiseries sucrées et de snacks étaient achetés et rapportés des supermarchés immédiatement après l’instauration d’une politique concernant les achats à la caisse.

Aussi, 76% de moins d’achats ont été accomplis et consommé « à emporter » dans les supermarchés dotés de politiques en matière d’aliments et santé par rapport à ceux qui n’en avaient pas.

Les grandes chaînes de supermarchés ont conquis la majorité du marché de l’épicerie et jouent un rôle majeur dans la définition des préférences alimentaires et du comportement d’achat.

Les pratiques de vente au détail telles que l’affichage, le positionnement, les promotions et les prix des produits peuvent tous influencer les choix des consommateurs dans les magasins.

Les caisses de supermarchés constituent un endroit unique pour encourager les achats, car tous les clients doivent les traverser pour payer et peuvent passer beaucoup de temps à faire la queue.

Cependant, la majorité des aliments aux caisses des supermarchés pourraient être considérés comme malsains.

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Les supermarchés doivent jouer le jeu

Au cours de la dernière décennie, des groupes de supermarchés se sont volontairement engagés à éliminer ou à limiter les aliments malsains aux caisses ou à proposer des options plus saines.

« De nombreux en-cas pris à la caisse peuvent être des achats imprévus et impulsifs – et les options tendent à être de la confiserie, du chocolat ou des chips. Plusieurs supermarchés (au Royaume-Uni, ndlr) ont maintenant mis en place des politiques pour retirer ces articles de leurs caisses, et nous voulions savoir si cela avait un impact sur les choix d’achat des gens. » expliquent les auteurs de l’étude.

Dans le but d’examiner l’incidence des politiques d’achat sur les achats effectués dans les grandes chaînes de supermarchés sur les habitudes d’achats des consommateurs, les auteurs de l’étude ont analysé les données du panel de consommateurs de Kantar Worldpanel pour les produits alimentaires, les boissons et les produits ménagers.

Six des neuf grands supermarchés ont mis en place des politiques de contrôle des achats d’aliments entre 2013 et 2017. Les chercheurs ont anonymisé les informations afin d’éviter de dénommer les entreprises.

Tout d’abord, l’équipe a examiné l’évolution des achats de produits de consommation courante moins sains et rapportés à la maison suite à la mise en œuvre de politiques de paiement. Ils ont utilisé les données de plus de 30 000 ménages britanniques de 12 mois avant leur mise en œuvre à 12 mois.

Un exemple britannique positif

Un exemple britannique positif


Les chercheurs ont constaté que la mise en œuvre d’une politique concernant les achats à la caisse était associée à une réduction immédiate de 17% des achats.

Au bout d’un an, les acheteurs achetaient toujours plus de 15% d’articles en moins par rapport à l’absence de politique.

Ensuite, ils ont examiné les données de 7 500 acheteurs qui ont enregistré des aliments achetés et consommés « à emporter » en 2016-2017 dans des supermarchés avec ou sans politique de sensibilisation.

Les achats à emporter sont souvent impulsifs et peuvent résulter du fait que les enfants harcèlent leurs parents.

Les chercheurs ont constaté que les consommateurs effectuaient 76% moins d’achats annuels de produits de consommation courante moins sains dans les supermarchés dotés de politiques en matière de nutrition et santé par rapport à ceux qui n’en avaient pas.

Un combat à mener contre les supermarchés

Un combat à mener


L’étude n’étant pas un essai contrôlé randomisé, il n’a pas été possible d’affirmer que les changements dans le comportement d’achat étaient dus aux politiques en matière d’alimentation.

Les magasins qui ont choisi d’avoir des politiques sur les achats à la caisse ont peut-être été différents de ceux qui ne l’ont pas fait. Il se peut également que les acheteurs aient opté pour des emballages plus volumineux dans les mêmes magasins ou dans des produits similaires dans des magasins autres que des supermarchés.

Les chercheurs concluent en soulignant que les « résultats suggèrent qu’en supprimant les sucreries et les chips de la caisse, les supermarchés peuvent avoir une influence positive sur les types d’achats que leurs clients achètent. Ce serait une intervention relativement simple avec le potentiel d’encourager une alimentation plus saine. Beaucoup de ces achats ont peut-être été des achats impulsifs. Si le client ne prend pas une tablette de chocolat à la caisse, il se peut que ce soit une tablette de moins ils consomment. »

« Il peut sembler évident que le retrait des achats d’aliments malsains de la caisse réduirait le montant que les gens achètent, mais ce sont des preuves telles que celles-ci qui permettent de plaider en faveur d’interventions gouvernementales pour améliorer les comportements malsains ».

Enfin, une telle intervention pourrait consister à introduire des normes nutritionnelles pour les aliments à la caisse. Une telle politique dirigée par le gouvernement pourrait s’avérer intéressante pour les supermarchés, dans la mesure où elle créerait des conditions égales pour tous.

Plutôt que d’accueillir des friandises et des snacks chimiques, les supermarchés feraient mieux d’y placer des objets culturels, des créations d’artistes à soutenir, ou tout ce qui contribue et peut rendre ce monde plus heureux et en meilleure santé mentale et physique. 

© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Décembre 2018

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