Être proche de la Mère Nature regorge de bienfaits tout au long de notre vie, d’où la nécessité de la préserver au maximum et de profiter des vertus qu’elle nous apporte.
En effet, la science précise que le contact avec la nature (comme la marche ou le jardinage) réduit le stress et l’anxiété, rend plus heureux, stimule le système immunitaire et nos capacités cognitives.
Les enfants élevés dans un environnement rural, entourés d’animaux et de poussières chargées de bactéries, ont développé un système immunitaire plus résistant au stress et pourraient être moins exposés aux maladies mentales que les citadins sans animaux de compagnie, selon une étude publiée le 30 avril 2018 dans la revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences).
Les chercheurs de cette étude (Université d’Ulm en Allemagne, Université du Colorado Boulder) ajoutent des preuves étayées à l’hypothèse hygiéniste — qui postule que des environnements trop stériles peuvent engendrer des problèmes de santé.
L’éducation en ville augmente la vulnérabilité
Les enfants élevés en ville ont un système immunitaire moins résistant que ceux élevés dans un environnement rural. Cette recherche suggère également que l’éducation des enfants autour des animaux pourrait être bénéfique pour la santé mentale.
Il existe une bibliographie scientifique assez large sur le fait que l’exposition aux animaux de compagnie et aux environnements ruraux pendant le développement est bénéfique en matière de réduction du risque d’asthme et d’allergies plus tard dans la vie.
Cette étude fait avancer la conversation en montrant pour la première fois chez les humains que ces mêmes expositions sont susceptibles d’être importantes pour la santé mentale.
L’importance de l’environnement microbien sur la santé physique et mentale
Passer autant de temps que possible, de préférence pendant l’éducation, dans des environnements offrant une large gamme d’expositions microbiennes a de nombreux effets bénéfiques.
Pour cette étude, les scientifiques ont recruté 40 hommes allemands en bonne santé, âgés de 20 à 40 ans. La moitié avait grandi dans une ferme avec des animaux de la ferme. La moitié avait grandi dans une grande ville sans animaux de compagnie.
Le jour du test, on a demandé à tous de faire un discours devant un groupe d’observateurs, puis on leur a demandé de résoudre un problème mathématique difficile en étant chronométré. Le sang et la salive ont été prélevés cinq minutes avant et cinq, 15, 60, 90 et 120 minutes après le test.
Ceux qui ont grandi dans les villes avaient des niveaux significativement plus élevés de composants du système immunitaire appelé cellules mononucléaires du sang périphérique (PBMC) après l’expérience stressante. Les cellules PBMC sont toutes les cellules du sang périphérique ayant un seul noyau, et constituées de lymphocytes (cellules T, cellules B, cellules NK) et de monocytes. Ils ont également montré une élévation prolongée du composé inflammatoire Interleukine 6 (IL6) et une activation atténuée du composé anti-inflammatoire Interleukine 10 (IL10).
Les personnes qui ont grandi dans un environnement urbain ont eu une induction exagérée de la réponse immunitaire inflammatoire au facteur de stress, et elle a persisté tout au long de la période de deux heures.
Étonnamment, alors que leurs corps réagissaient au stress, les anciens citadins se sentaient moins stressés que leurs homologues ruraux. Cette réaction inflammatoire exagérée est comme un géant endormi dont ils ignorent totalement l’existence.
Des études antérieures ont montré que ceux qui ont une réponse inflammatoire exagérée sont plus susceptibles de développer une dépression et un trouble de stress post-traumatique (TSPT) plus tard dans la vie.
La recherche a également montré que notre réponse immunorégulatrice au stress se développe au début de la vie et est en grande partie façonnée par notre environnement microbien.
Aujourd’hui, plus de 50% de la population mondiale vit dans des zones urbaines, ce qui signifie que les humains sont exposés à beaucoup moins de micro-organismes que ce qu’ils ont évolué.
Si vous n’êtes pas exposé à ces types d’organismes, alors votre système immunitaire ne développe pas un équilibre entre les forces inflammatoires et anti-inflammatoires, et vous pouvez développer une inflammation chronique et une réactivité immunitaire exagérée qui vous rend vulnérable aux allergies, aux maladies auto-immunes et aux troubles psychiatriques.
Enfin, les chercheurs souhaitent étendre l’étude à des échantillons plus importants, à des femmes et à de nouveaux emplacements dans le monde, et essayer d’analyser quelle part des bénéfices provient de l’exposition aux animaux et de ce qui vient de la vie rurale.
Pour l’instant, les auteurs conseillent de manger des aliments riches en bactéries saines ou en probiotiques, de passer du temps dans la nature et d’avoir des contacts avec un animal de compagnie comme les chiens et les chats.
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Mai 2018
Sources externes
- « Less immune activation following social stress in rural vs. urban participants raised with regular or no animal contact, respectively. » Proceedings of the National Academy of Sciences, 2018 ; http://www.pnas.org/content/early/2018/04/24/1719866115, 201719866 DOI: 10.1073/pnas.1719866115
- « Similarity of the dog and human gut microbiomes in gene content and response to diet« . Microbiome, 2018; 6 (1) DOI: 10.1186/s40168-018-0450-3
- « Psychological effects of forest environments on healthy adults: Shinrin-yoku (forest-air bathing, walking) as a possible method of stress reduction.« , https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17055544
- « Nature experience reduces rumination and subgenual prefrontal cortex activation« , http://www.pnas.org/content/112/28/8567
- « Trends in research related to « Shinrin-yoku » (taking in the forest atmosphere or forest bathing) in Japan. », https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19585091
- « Nature Nurtures Creativity« , HIKERS MORE INSPIRED ON TESTS AFTER FOUR DAYS UNPLUGGED https://archive.unews.utah.edu/news_releases/nature-nurtures-creativity-2/
- Hypothèse hygiéniste : où en est-on ? Compte rendu de l’atelier « Allergies » du DHU 2020 « Médecine personnalisées des maladies chroniques », https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1877032016003158
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