Les nourrissons peuvent développer une allergie au lait de vache qui disparaît habituellement à l’âge adulte. Cependant, cette allergie peut augmenter le risque de développer d’autres maladies allergiques.
Par ailleurs, selon les chercheurs, la réaction allergique peut être empêchée par deux composants du lait de vache interagissant ensemble. C’est ce que rapporte une étude publiée en janvier 2018 dans Scientific Reports (Nature).
Un apport en acide rétinoïque de la vitamine A dans la protéine bêta-lactoglobuline, une protéine importante du lait de vache, peut prévenir la réaction allergique contre la protéine. « La béta-lactoglobuline représente 40% des protéines du lactosérum soit de l’ordre de 2 à 4g par litre de lait. »
Une découverte qui réduit la réaction allergique au lait de vache
Une véritable allergie au lait se produit chez environ 3 à 5% des enfants européens et plus rarement chez les adultes. La maladie est différente de l’intolérance au lactose, dans laquelle un manque de l’enzyme lactase entraîne l’incapacité de décomposer correctement le lactose, un sucre présent dans les produits laitiers.
Dans le cas d’une allergie au lait, le système immunitaire réagit lui-même avec une réponse immunitaire distincte contre les protéines du lait. Des cellules immunitaires spécialisées se forment qui produisent des anticorps contre les protéines du lait et déclenchent ainsi une réaction allergique potentiellement beaucoup plus dangereuse.
Une étude réalisée par l’Institut interuniversitaire de recherche Messerli de Vetmeduni à Vienne (Autriche) a montré que les composants du lait de vache lui-même peuvent aider à prévenir cette réaction. La clé est que la protéine de lait bêta-lactoglobuline, un agent pertinent pour les réactions allergiques, soit littéralement modifié par un métabolite de la vitamine A appelé acide rétinoïque. Cependant, cette technique exigerait que les vaches reçoivent un apport suffisant de cette vitamine, par exemple, à travers une abondance de fourrage vert.
L’acide rétinoïque transforme un allergène potentiel du lait en un tolérogène du lait
Si les nourrissons deviennent allergiques au lait de vache, leur corps produit ce que l’on appelle les lymphocytes Th2. Ce sont des cellules immunitaires spécialisées qui produisent des anticorps pour combattre les protéines du lait dans le cadre du système immunitaire.
L’un des plus importants de ces prétendus allergènes du lait est la protéine Bos d 5. Également connue sous le nom de bêta-lactoglobuline, elle fait partie d’une famille de protéines connue sous le nom de lipocalines.
Cette famille de protéines spéciales est caractérisée par des poches moléculaires qui peuvent prendre de petites molécules comme l’acide rétinoïque, qui est un métabolite de la vitamine A.
Cette étude a montré qu’une protéine de lait « vide » favorise l’activation des lymphocytes Th2 et déclenche ainsi une réaction en chaîne allergique.
Cependant, si, pour ainsi dire, il empoche l’acide rétinoïque, alors les cellules immunitaires réagissent modérément, sans réaction immunitaire allergique. Une charge adéquate de la protéine du lait pourrait ainsi empêcher que les petits enfants ou même les adultes deviennent sensibilisés et expriment une allergie au lait.
Pas de compléments artificiels : le fourrage enrichi en vitamine A pendant la production de lait est la clé
Le lait, et surtout le lait de vache, est un produit alimentaire essentiel pour la plupart des gens. Même si l’on peut remplacer le lait de vache par une consommation de boissons végétales comme le lait de soja, une étude précédente a démontré que les laits végétaux peuvent créer une carence en iode.
Cependant, pour les patients allergiques, le lait de vache pose un risque. En plus de provoquer un gonflement de la bouche ou des muqueuses, d’autres symptômes peuvent inclure une diarrhée ou une dermatite atopique aggravée et, dans de rares cas, peuvent même induire un choc allergique.
En outre, une allergie au lait de vache comporte le risque d’autres maladies allergiques, telles que la dermatite atopique ou l’asthme allergique. Un apport suffisant de vitamine A par les producteurs de lait, donné aux vaches, pourrait contrecarrer cet effet dans lequel une protéine alimentaire inoffensive est transformée en allergène du lait.
Enfin, il est incertain si l’effet positif de la vitamine A naturelle montré dans l’étude peut également être atteint par des suppléments diététiques. En effet, la supplémentation artificielle d’un régime avec des vitamines peut ne pas avoir le même effet que les agents naturels et entraînera probablement un chargement inadéquat de l’allergène du lait.
Pour conclure, il est donc nécessaire de fournir de la vitamine A dans une mesure appropriée déjà pendant la garde ou l’alimentation des animaux. Cela peut être réalisé, par exemple, en augmentant l’offre de fourrage vert, mais des études de suivi correspondantes doivent encore être réalisées.
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Février 2018
Sources externes
- « Retinoic acid prevents immunogenicity of milk lipocalin Bos d 5 through binding to its immunodominant T-cell epitope« , Scientific Reports, volume 8, Article n°: 1598 (2018), doi:10.1038/s41598-018-19883-0, https://www.nature.com/articles/s41598-018-19883-0
- « L’allergie aux protéines de lait de vache« , https://www.cerin.org/etudes/lallergie-aux-proteines-de-lait-de-vache/
- « La béta lactoglobuline« , http://biochim-agro.univ-lille1.fr/proteines/co/ch4_I_a.html