Lorsque nous sommes enfant et adolescent, la volonté de s’initier aux joies de la cuisine à travers des recettes ou des expérimentations culinaires ne nous laisse pas indemnes.
Même si les joies gastronomiques de l’enfance ne nous transforment pas en tous en chef cuisinier, tous les adolescents qui apprennent les bases d’une cuisine bonne et saine, dans une ambiance ludique et décontractée, sont marqués à vie par ces instants partagés avec les parents, la famille, les grands-parents ou les amis.
Que ce soit juste pour le fun ou pour continuer à révéler une véritable vocation naissante, la capacité de cuisiner est un atout majeur pour vivre de façon autonome et rendre son quotidien plus simple.
Se nourrir et apprendre à cuisiner sont des étapes quotidiennes incontournables. S’alimenter uniquement de plats surgelés, ou dans les restaurants rapides ou être servis comme un roi les pieds sous la table sont des situations qui ne durent pas sans aléas.
“Cuisiner est une activité qui exige d’être aussi créatif et imaginatif qu’une activité telle que le dessin, la sculpture sur bois ou la musique.” Julia Child.
A l’âge adolescent il n’est pas toujours aisé de développer une motivation et une confiance dans la capacité de cuisiner, mais les conséquences transforment les adolescents pour la vie. En effet, les adultes ne sont pas les seuls à s’enflammer pour l’apprentissage de la cuisine.
Depuis longtemps, et pas seulement avec l’engouement des émissions culinaires, des chaînes Youtube et blogs de recettes, des adolescents du monde entier se passionnent pour la cuisine et souhaitent harmoniser leurs goûts avec leur personnalité.
Cette démarche et cet investissement dans l’univers culinaire, sans pour autant devenir cuisiner, a des effets positifs sur la santé.
Selon une étude publiée le 7 mars 2018 dans le Journal of Nutrition Education and Behavior, la confiance dans la capacité de cuisiner a entraîné une baisse du nombre de repas rapides, de plus de repas en famille et de la préparation plus fréquente de repas avec des légumes à l’âge adulte.
Les compétences culinaires des adolescents prédisent fortement leur bien-être nutritionnel à l’âge adulte
Les données de cette étude suggèrent que le développement des compétences culinaires et de la préparation des aliments est important pour la santé et la nutrition, mais la pratique de la cuisine familiale est en déclin et est maintenant rarement enseignée à l’école.
Cette étude révèle que le développement des compétences de cuisine en tant que jeune adulte peut avoir des avantages à long terme pour la santé et la nutrition.
L’impact du développement des compétences culinaires tôt dans la vie peut être apparent plus tard à l’âge adulte lorsque les individus ont plus de possibilités et de responsabilités pour la préparation des repas.
La force de cette étude est la grande taille de l’échantillon basé sur la population suivie sur une période de 10 ans pour explorer l’impact des compétences de cuisine perçues sur le bien-être nutritionnel à l’âge adulte.
Les données ont été recueillies dans le cadre de l’étude longitudinale EAT (Project Eating and Activity in Teens and Young Adults) menée dans les écoles de la région de Minneapolis-Saint-Paul (États-Unis). Les participants ont indiqué que les compétences en cuisine étaient adéquates en 2002-2003 à l’âge de 18 à 23 ans.
Des données ont ensuite été recueillies en 2015-2016 sur les résultats liés à la nutrition lorsque les participants avaient entre 30 et 35 ans. Les questions évaluaient l’adéquation perçue des compétences culinaires, la fréquence à laquelle ils préparaient un repas comprenant des légumes, la fréquence à laquelle ils prenaient leurs repas en famille et la fréquence à laquelle ils mangeaient dans un fast food.
La plupart des participants ont estimé que leurs compétences en cuisine étaient adéquates à l’âge de 18 à 23 ans, et environ un quart des adultes a indiqué que leurs compétences en cuisine étaient très adéquates. Il n’y avait aucune différence dans les compétences de cuisine perçues selon le sexe, la race ou l’origine ethnique, le niveau de scolarité ou l’âge.
L’adéquation perçue des compétences en cuisine prédit de multiples indicateurs des résultats nutritionnels plus tard à l’âge adulte, y compris une plus grande probabilité de préparer un repas avec des légumes la plupart du temps et une consommation moins fréquente dans des lieux de restauration rapide.
Si ceux qui estimaient que leurs compétences en cuisine étaient adéquates avaient des familles, ils mangeaient plus fréquemment des repas familiaux, des repas de restauration rapide moins fréquents et avaient moins d’obstacles à la préparation des aliments.
Des avantages à long terme pour la santé et l’épanouissement
Les possibilités de développer des compétences culinaires chez les adolescents peuvent entraîner des avantages à long terme pour le bien-être nutritionnel.
Les familles, les professionnels de la santé et de la nutrition, les éducateurs, les organismes communautaires et les gouvernements doivent investir dans l’économie familiale et l’éducation culinaire, sachant que les avantages ne se réaliseront que lorsque les jeunes adultes auront plus d’autonomie. Cet investissement à long terme est aussi un levier pour améliorer les politiques de santé publique.
“Cuisiner suppose une tête légère, un esprit généreux et un cœur large.” Paul Gauguin.
Cuisiner en famille n’est pas juste une corvée. Ce moment important se grave en nous et permet aux enfants d’acquérir des connaissances et des habiletés culinaires, de s’instruire sur les différentes formes de cuissons, de développer leur intérêt et leur curiosité envers les aliments et une alimentation saine par la découverte et l’expérimentation.
Cette démarche nécessite aussi de la part des parents et de la famille d’être dans une volonté de transmettre et de laisser la possibilité aux adolescents de faire sans être jugé.
Chaque petit effort doit être valorisé en donnant un maximum de chances pour ne pas frustrer ou dégoûter l’adolescent, et une alimentation saine est liée au bonheur des enfants.
“La cuisine, c’est comme l’amour, il faut goûter à tout pour reconnaître ce qui est bon.” Lili Gulliver.
Enfin, l’art de cuisiner permet aussi d’améliorer leur estime de soi, leur sentiment de compétence et leur autonomie, en plus de partager des moments de plaisir de qualité en famille ou entre amis.
Cet apprentissage du partage des tâches et des plaisirs de la bouche amène aussi les adolescents à s’instruire sur leur environnement et à s’interroger leur propre avenir.
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Avril 2018
Sources externes
- « Self-Perceived Cooking Skills in Emerging Adulthood Predict Better Dietary Behaviors and Intake 10 Years Later: A Longitudinal Study. », Journal of Nutrition Education and Behavior, http://www.jneb.org/article/S1499-4046(18)30086-1/fulltext, 2018; DOI: 10.1016/j.jneb.2018.01.021
- Photos © https://www.pexels.com/search/kids%20food/ ; https://unsplash.com/search/photos/kids-food