Produits agricoles issus de cultures ou de cueillettes, les épices existent sous de nombreuses formes. Comme les herbes aromatiques ou les fruits, elles proviennent de différentes parties des plantes comme les écorces, les fleurs, les feuilles, les fruits, les bulbes ou les graines. Indispensables pour rendre un plat unique, les épices stimulent les perceptions olfactives et gustatives. Elles sont à l’origine des odeurs, des arômes et des saveurs dans toutes les cuisines et recettes du monde.
Parfois utilisées en tant que conservateurs, assaisonnements ou colorants, les épices ont vécu leur âge d’or pendant l’Antiquité et le Moyen Âge, et ont aussi été utilisées durant longtemps en médecine. Bien utilisées, les épices ont de nombreux bienfaits. Cannelle, safran, clou de girofle, thé, poivre, aneth, moutarde, ail, oignon, gingembre, fenouil, ou coriandre, les épices auraient le pouvoir de réduire notre envie de consommer du sel, selon les résultats d’une étude publiée le 31 octobre 2017 dans la revue médicale Hypertension.
Les bienfaits d’une nourriture épicée
Les gens qui aiment les aliments épicés semblent manger moins de sel et ont une tension artérielle plus basse. Les aliments épicés peuvent augmenter la sensibilité au sel, réduisant ainsi la quantité de sel consommée.
Selon une nouvelle étude publiée dans le journal Hypertension de l’American Heart Association (réalisée sur des sujets chinois), les personnes qui appréciaient les aliments épicés semblaient manger moins de sel et avaient une tension artérielle plus basse, ce qui pourrait réduire leur risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral (AVC).
Auparavant, une étude pilote a révélé que des traces de capsaïcine (famille des alcaloïdes), le composant actif du piment qui donne aux piments chili leur odeur piquante, a augmenté la perception de la nourriture salée. Les chercheurs ont voulu tester si cet effet permettrait également de réduire la consommation de sel.
La nourriture épicée peut freiner les envies malsaines de sel
L’étude a recruté 606 adultes chinois et déterminé leurs préférences pour les saveurs salées et épicées. Les chercheurs ont ensuite lié ces préférences à la pression artérielle. Ils ont constaté que, par rapport à ceux qui ont le moins apprécié les aliments épicés, les participants ayant une préférence épicée élevée avaient une pression artérielle systolique inférieure de 8 mm Hg et une pression artérielle diastolique inférieure de 5 mm Hg. Ils consommaient moins de sel que les participants qui avaient une préférence épicée faible.
Les chercheurs ont également utilisé des techniques d’imagerie pour examiner deux régions du cerveau des participants — le cortex insulaire (insula) et le cortex orbitofrontal (OF) — connues pour être impliquées dans le goût salé. Ils ont constaté que les zones stimulées par le sel et les épices se chevauchaient, et que les épices augmentaient encore l’activité cérébrale dans les zones activées par le sel. Les auteurs indiquent que cette activité accrue rend les gens plus sensibles au sel, ce qui leur permet de manger avec moins de sel.
Enfin, comme tous les participants à cette étude viennent de Chine, des recherches sur d’autres participants de pays différents sont nécessaires pour déterminer si ces résultats peuvent être généralisés à d’autres pays. A noter que la Chine est l’un des plus gros producteurs d’épices au monde avec l’Inde, le Bangladesh, le Pakistan, la Turquie et le Népal.

Si vous ajoutez des épices à votre cuisine, vous pouvez faire cuire des aliments qui ont bon goût sans utiliser autant de sel. L’habitude et la préférence importent quand il s’agit de nourriture épicée, mais même une petite augmentation graduelle des épices dans votre nourriture peut avoir un effet bénéfique sur la santé.
Le sel et le sodium sont souvent utilisés de manière interchangeable, mais ils ne sont pas identiques. Avec un nombre grandissant de personnes dans le monde qui mangent des aliments transformés, préemballés ou dans des restaurants et fast-foods, les recommandations ne sont parfois pas respectées. Il est primordial de ne pas consommer trop de sel, dont les conséquences sur la santé peuvent dramatiques. La consommation d’épices est donc un bon moyen de réduire la consommation de sel.
Principaux points pour réduire la consommation de sel
Selon l’Aide-mémoire n°393 de Juin 2016 par l’OMS :
- La forte consommation de sodium (> 2 grammes/jour, l’équivalent de 5 grammes de sel par jour) et l’absorption insuffisante de potassium (moins de 3,5 grammes par jour) contribuent à l’hypertension artérielle et à un risque accru de cardiopathie et d’accident vasculaire cérébral.
- Le sel est la principale source de sodium dans notre alimentation, bien que le glutamate de sodium, condiment utilisé dans de nombreuses régions du monde, puisse aussi en apporter.
- La plupart des gens consomment trop de sel, de 9 à 12 grammes par jour en moyenne, soit deux fois l’apport maximum recommandé.
- Une consommation de sel de moins de 5 grammes par jour chez l’adulte contribue à faire baisser la tension artérielle et le risque de maladie cardiovasculaire, d’accident vasculaire cérébral et d’infarctus du myocarde. Le principal avantage de diminuer l’apport en sel se traduit par une baisse correspondante de l’hypertension artérielle.
- Les États Membres de l’OMS ont décidé de réduire de 30% la consommation de sel de la population mondiale d’ici 2025.
- La baisse de l’apport en sel a été identifiée comme l’une des mesures ayant le meilleur rapport coût/efficacité que les pays peuvent prendre pour améliorer la situation sanitaire à l’échelle de leurs populations. Les principales mesures produiront une année supplémentaire de vie en bonne santé pour un coût inférieur au revenu annuel moyen ou au produit intérieur brut par personne.
- On estime qu’on pourrait éviter chaque année 2,5 millions de décès si la consommation de sel au niveau mondial était ramenée au niveau recommandé.
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Novembre 2017
Sources externes
- « Enjoyment of Spicy Flavor Enhances Central Salty-Taste Perception and Reduces Salt Intake and Blood Pressure », Hypertension, 2017, HYPERTENSIONAHA.117.09950 31 October 2017, https://doi.org/10.1161/HYPERTENSIONAHA.117.09950