Décrire des émotions négatives permet aux adolescents d'éviter la dépression

Décrire des émotions négatives permet aux adolescents d’éviter la dépression

Les adolescents qui peuvent décrire leurs émotions négatives de manière précise et nuancée sont mieux protégés contre la dépression que leurs pairs qui ne le peuvent pas.

Telle est la conclusion d’une étude sur la différenciation des émotions négatives, ou la capacité de faire des distinctions précises entre les émotions négatives et d’appliquer des étiquettes précises.

Les résultats de l’étude sont publiés dans la revue Emotion du 27 juin 2019.

Parler de nos émotions avec plus de précision

Parler de nos émotions avec plus de précision


Les adolescents qui utilisent des termes plus précis tels que « je me sens énervé » ou « je me sens frustré » ou « j’ai honte », au lieu de simplement dire « je me sens mal », sont mieux protégés contre l’apparition de symptômes dépressifs accrus.

Ceux qui ont un faible degré de différenciation des émotions négatives ont tendance à décrire leurs sentiments en termes plus généraux tels que « mauvais » ou « contrarié ».

En conséquence, ils sont moins en mesure de tirer profit des leçons utiles codées dans leurs émotions négatives, y compris la capacité de développer des stratégies d’adaptation qui pourraient les aider à réguler ce qu’ils ressentent.

La différenciation des émotions négatives

En effet, les émotions transmettent beaucoup d’informations. Elles communiquent des informations sur l’état de motivation de la personne, son niveau d’éveil, sa valence émotionnelle et ses appréciations sur l’expérience menaçante.

Une personne doit intégrer toutes ces informations pour comprendre : « suis-je irrité ? » ou « suis-je en colère, embarrassé ? ».

Une fois que vous connaissez ces informations, vous pouvez les utiliser pour déterminer la meilleure marche à suivre.

Selon les auteurs, cela va aider l’adolescent à prédire comment son expérience émotionnelle se déroulera et comment il peut mieux réguler ses émotions pour se sentir mieux.

L’équipe de chercheurs a constaté qu’un faible niveau de différenciation des émotions négatives renforce le lien entre les événements stressants de la vie et la dépression. Ceci entraîne une perte de bien-être psychologique.

L'adolescence est une période de risque accru de dépression

L’adolescence est une période de risque accru de dépression


En se concentrant exclusivement sur l’adolescence, qui marque une période de risque accru de dépression, l’étude a mis l’accent sur une lacune dans la recherche actuelle dans ce domaine.

Effectivement, des recherches antérieures suggèrent que, pendant l’adolescence, la différenciation des émotions négatives d’une personne chute à son point le plus bas, comparé à celui d’enfants plus jeunes ou d’adultes. C’est précisément pendant cette période cruciale pour le développement que les taux de dépression augmentent régulièrement.

Aussi, des recherches préalables avaient montré que la dépression et le faible taux de différenciation des émotions négatives étaient liés, mais les méthodes de recherche des études précédentes ne vérifiaient pas si un faible taux de différenciation des émotions négatives était antérieur à la dépression.

Une question cruciale

Une question cruciale


Pour les chercheurs, ce phénomène est devenu une question cruciale. Les jeunes qui présentaient des signes de symptômes dépressifs importants avaient-ils une différenciation des émotions négatives naturellement faible ou leur différenciation des émotions négatives était-elle une conséquence directe de leur sentiment de dépression ?

Afin de réaliser cette étude, l’équipe a recruté 233 adolescents et ont mené des entretiens de diagnostic pour évaluer les participants pour la dépression.

Ensuite, les adolescents ont rapporté leurs émotions quatre fois par jour pendant sept jours. Un an et demi plus tard, l’équipe a mené des entretiens de suivi avec les 93 participants d’origine pour étudier les résultats longitudinaux.

Les chercheurs ont découvert que les jeunes qui ne différencient pas leurs émotions négatives sont plus susceptibles de présenter des symptômes dépressifs à la suite d’événements stressants.

À l’inverse, ceux qui présentent une différenciation des émotions négatives élevée maîtrisent mieux les séquelles émotionnelles et comportementales de l’exposition au stress. Ceci réduit ainsi le risque d’émotions négatives de dégénérer en une dépression cliniquement significative.

La dépression est un trouble mental touchant plus de 300 millions de personnes dans le monde

La dépression est un trouble mental touchant plus de 300 millions de personnes dans le monde


La dépression figure parmi les problèmes de santé publique les plus difficiles au monde qui touche mondialement plus de 300 millions de personnes.

En tant que trouble mental le plus répandu, il provoque non seulement des conditions récurrentes et difficiles pour les personnes atteintes quel que soit l’âge, mais coûte également très cher.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) l’a désignée comme la première cause de fardeau mondial parmi les pays industrialisés.

Les chercheurs considèrent que la dépression chez les adolescentes est un domaine d’étude particulièrement important. Effectivement, cet âge entraîne une montée en flèche des taux de dépression, avec une disparité marquée entre les sexes qui persiste jusqu’à l’âge adulte.

La dépression chez les adolescents

La dépression chez les adolescents perturbe le développement social et affectif, ce qui peut entraîner une multitude de conséquences négatives, notamment des problèmes interpersonnels, une productivité réduite, des problèmes de toxicomanie et une santé physique médiocre.

En outre, les personnes déprimées à l’adolescence risquent davantage de souffrir de dépression à répétition tout au long de leur vie.

De la sorte, la cartographie de la dynamique émotionnelle associée à la dépression est essentielle pour trouver des traitements efficaces.

Clairement, il est important de savoir ce que nous ressentons pour changer ce que nous ressentons. S’exprimer, parler, définir nos émotions avec plus de vocabulaire et de précisions sont des éléments positifs pour enrayer les symptômes dépressifs et les pensées suicidaires et de suicides.

Prenez le temps d’écouter vos enfants, de leur donner les moyens de s’exprimer et faites-vous aider par des professionnels de la santé dès que vous en ressentez le besoin.

© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Juin 2019

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Ce blog nutrition santé n’a pas vocation à remplacer votre relation avec votre médecin traitant. Les renseignements contenus sur le Blog Nutrition Santé sont tous rédigés avec des sources scientifiques et ne peuvent pas répondre à des questions médicales spécifiques, mais sont donnés à des fins purement informatives et complémentaires.

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Sources externes


Lisa R. Starr, Rachel Hershenberg, Zoey A. Shaw, Y. Irina Li, Angela C. Santee. The perils of murky emotions: Emotion differentiation moderates the prospective relationship between naturalistic stress exposure and adolescent depression.. Emotion, 27 juin 2019; DOI: 10.1037/emo0000630, https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Femo0000630

Photos © Eliott Reyna ; Ben White ; Anton Darius ; Andrew Neel ; Ant Rozetsky ; Julie Johnson