Le cannabis est souvent à l’honneur dans les tabloïds de la presse. Entre les arrestations de trafiquants, les cultivateurs pour un usage personnel dans le cadre d’une maladie, les modifications des lois dans certains pays, ou les détournements qui naissent comme avec le nouveau marché du cannabidiol (CBD) en France.
Le cannabis ou chanvre a une longue histoire derrière lui qui date de plusieurs millénaires avant J-C. D’ailleurs, cette plante est l’une des premières plantes domestiquées par l’Homme.
Cette plante connaît depuis plusieurs décennies un débat politique tumultueux, avec des défenseurs de tous bords, qui voient en elle la possibilité de créer de nouveaux médicaments, d’en remplacer certains autres, de générer une nouvelle économie (car légaliser le cannabis pourrait rapporter gros), ou de barrer la route au trafic de stupéfiants.
La capacité du THC à stimuler l’appétit
De nouvelles recherches présentées en juillet 2018 sur la façon dont l’usage du cannabis modifie le comportement alimentaire pourraient conduire à des traitements pour la perte d’appétit dans les maladies chroniques.
En utilisant une nouvelle procédure pour doser les rats de laboratoire avec de la vapeur de cannabis, les chercheurs ont découvert comment le médicament déclenche les hormones de la faim. Ils ont également identifié des régions cérébrales spécifiques qui passent en mode « affamé » alors qu’elles sont sous influence.
Les experts de la Washington State University signalent que « nous savons tous que l’usage de cannabis affecte l’appétit. Mais jusqu’à récemment nous avons très peu compris comment et pourquoi. En étudiant l’exposition à la matière végétale du cannabis, la forme la plus largement consommée, nous trouvons des événements génétiques et physiologiques dans le corps qui permettent au cannabis de changer le comportement alimentaire. »
Le cannabis a un réel potentiel thérapeutique
Dans de nombreux pays du monde, une récente vague de légalisation du cannabis à des fins médicales et récréatives a stimulé la recherche sur son potentiel thérapeutique. Une famille de composés appelés cannabinoïdes, en particulier le delta-9 tétrahydrocannabinol (THC), sont responsables de ses effets psychologiques. La capacité du THC à stimuler l’appétit est précieuse car de nombreuses maladies entraînent une perte d’appétit extrême qui réduit la qualité de vie et ralentit la récupération.
Pour ces nouvelles études, les scientifiques ont conçu un système d’exposition à la vapeur pour imiter la façon dont les gens consomment souvent du cannabis. Cela a permis un contrôle précis de la dose tandis que les repas des rats ont été étroitement surveillés tout au long de la journée. Une brève exposition à la vapeur de cannabis a stimulé un repas même lorsque les rats avaient récemment mangé, ce qui suggère que l’inhalation de cannabis entraîne des circuits d’appétit dans le cerveau et le met en « mode faim ».
Les chercheurs ont découvert que l’exposition au cannabis provoquait des petits repas plus fréquents. Mais il y a un délai avant qu’il ne prenne effet. Ce retard a fourni une indication sur la façon dont le médicament peut agir.
Ordinairement, quand l’estomac est vide, il libère une hormone appelée ghréline, un message au cerveau indiquant qu’il est temps de chercher de la nourriture. Ils ont constaté que la dose de cannabis déclenchait une poussée de ghréline.
Quand ils ont donné un deuxième médicament qui a empêché l’afflux de ghréline, le cannabis ne déclenche plus l’envie de manger. Ils ont également trouvé des changements dans la façon dont le cerveau réagit au message. Dans une petite région de l’hypothalamus responsable de la détection de la ghréline, le cannabis a modifié l’activité génétique des cellules du cerveau qui réagissent à l’hormone.
En conclusion, les chercheurs sont optimistes quant au fait que déchiffrer les façons dont le cannabis agit dans le corps pour modifier l’appétit peut conduire à de nouveaux traitements pour l’anorexie induite par la maladie.
La perte d’appétit sévère est un symptôme fréquent de nombreuses maladies chroniques et est particulièrement problématique dans le cancer, le VIH, les maladies cardiaques et certains troubles métaboliques. Un traitement ciblé qui offre des effets bénéfiques sur l’appétit sans les effets plus larges sur l’esprit et le corps pourrait améliorer la qualité de vie et accélérer le rétablissement de nombreux patients.
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Juillet 2018
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Sources externes
- « Brain changes responsible for the appetite effects of cannabis are identified in animal studies », Juillet 2018, http://www.ssib.org/web/press2018.php
- « Investigating the Neuroendocrine and Behavioral Controls of Cannabis-Induced Feeding Behavior. », JF Davis, PQ Choi, J Kunze, P Wahl, Washington State University Pullman, WA, USA. Juillet 2018, Society for the Study of Ingestive Behavior, Bonita Springs, FL.
- http://www.drogues-info-service.fr/