Les excuses, nous en avons tous. Certaines personnes en abusent, tandis que d’autres en ont la parfaite maîtrise. Mais, qu’est-ce qui fait qu’une bonne excuse fonctionne ?
Ce sujet est intéressant à plus d’un titre pour toutes les sphères de notre vie.
Lorsque nous nous excusons, nous faisons appel à une myriade de sujets comme la fatigue, le stress, les échéances imminentes du travail, les devoirs familiaux, etc.

La banalité des excuses
Trouver et accepter des excuses fait partie de notre pratique consistant à nous tenir mutuellement responsables.
Mais les excuses sont aussi curieuses et elles ont une force normative.
Que quelqu’un ait une excuse pour quelque chose qu’il a fait ou non, est important pour savoir comment nous devrions réagir à ses actes.
Une excuse peut permettre de renoncer au blâme, de réviser les jugements de culpabilité, de ressentir de la compassion et de la pitié plutôt que de la colère et du ressentiment.
Les considérations auxquelles nous faisons appel lorsque nous prenons des excuses sont très variées.
Mais qu’est-ce que les différents types d’excuses ont en commun ? Qu’est-ce qui nous permet de les reconnaître toutes comme plausibles ?

Les intentions sont la clé
Les intentions sont la clé pour donner un sens à notre moralité quotidienne.
Une étude publiée le 1er juillet 2019 dans la revue Philosophy & Public Affairs suggère que lorsque des excuses sont permises, c’est parce qu’elles montrent que même si nous avons mal agi, nos intentions morales sous-jacentes étaient adéquates.
Nous l’avons tous fait, nous avons fourni une excuse à notre mauvais comportement ou à des réactions grossières avec d’autres personnes dans le feu de l’action, par exemple après un long trajet dans les bouchons ou une journée difficile avec des enfants.
Les excuses sont courantes et sont une tentative d’expliquer et de justifier des comportements dont nous ne sommes pas fiers.
Leur but est d’échapper aux conséquences de nos actes et de rendre notre comportement indésirable plus socialement acceptable.
Nous faisons appel à de nombreuses excuses comme invoquer la fatigue, décrire notre état de stress, parler d’une échéance imminente d’un dossier au travail, etc.
Afin de savoir ce que ces diverses excuses ont en commun et ce qui nous permet de les reconnaître toutes comme plausibles, une chercheuse de la Faculté de Philosophie de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni) a suggéré que les réponses reposaient sur ce que les excuses disent sur notre motivation sous-jacente.
L’auteure explique que, « lorsque des excuses sont permises, c’est parce qu’elles montrent que même si nous avons mal agi, nos intentions morales sous-jacentes étaient adéquates ».

Les intentions sont des plans d’action
Dire que votre intention était moralement adéquate, c’est dire que votre plan d’action était moralement valable.
Ainsi, lorsque vous faites une excuse, vous plaidez que votre plan d’action était moralement satisfaisant, mais c’est simplement que quelque chose a mal tourné en le mettant en pratique.
Peut-être que vous avez trébuché, et c’est pourquoi vous avez renoncé, que vous étiez stressé ou épuisé, ce qui signifiait que vous ne pouviez pas exécuter votre plan bien intentionné.
Cette recherche présente pour la première fois un récit unifié d’excuses, un récit de bonnes intentions, qui soutient que nos excuses quotidiennes fonctionnent à peu près de la même manière que celles proposées dans une salle d’audience d’un tribunal.
Lorsque les avocats font appel à la contrainte ou à la provocation pour défendre leurs clients, ils prétendent qu’ils ont peut-être enfreint la loi mais qu’ils avaient une intention moralement adéquate.
La personne a simplement été empêchée d’agir parce que la peur ou la colère l’ont amenée à perdre la maîtrise de soi.
Jusqu’à présent, peu de choses ont été éclairées sur ce qui unifie les nombreuses raisons de la vie quotidienne lorsque nous prenons des excuses.

Cette recherche suggère qu’une intention moralement adéquate est l’ingrédient essentiel.
Par ailleurs, des travaux récents en psychologie suggèrent que les intentions ont un profil motivationnel distinct, les philosophes et les psychologues faisant valoir qu’ils sont essentiels pour comprendre la façon dont nous faisons les choix.
Ici, l’auteure soutient que les intentions sont la clé pour donner un sens à notre moralité quotidienne.
Cependant, faire appel à des excuses est une démarche qui a ses limites.
En effet, des excuses réussies peuvent atténuer notre blâme, mais elles ne nous tirent pas complètement de l’affaire.
Dire que nous étions fatigués ou stressés ne nous dispense pas de notre responsabilité morale, bien ces arguments changent la perception des autres de ce que nous devons compenser et ce que la partie offensée devrait ressentir à propos de nos actes répréhensibles.
Cela signifie que lorsque nous faisons des excuses, nous essayons de marchander, de négocier si nous méritons de la colère et du ressentiment, ou une punition et combien nous avons besoin de nous excuser ou d’indemniser.
C’est la raison pour laquelle il peut être si énervant de trouver de fausses excuses, et probablement aussi la raison pour laquelle nous continuons à en faire.

Bonne et mauvaise excuse
Une excuse réussie doit rendre plausible le fait que votre intention était réellement morale, mais quelque chose en dehors de votre contrôle vous a empêché de la traduire en actes.
C’est pourquoi certaines considérations par exemple comme « J’ai eu une migraine terrible », « Je n’ai pas dormi depuis trois nuits », « Je m’inquiétais pour la santé de ma mère », « Je suis désolé d’avoir rayé votre voiture », « Je suis tombé sur le tapis », sont des excuses qui révèlent une motivation morale sous-jacente adéquate contrecarrée par des circonstances extérieures.
Enfin, les choses qui ne fonctionneront jamais sont des appels à la faiblesse de volonté ou qui sont manifestement immorales. Si les excuses sont du type « Je ne pouvais simplement pas résister » ou « C’était trop tentant », cela ne marche pas.
Il en va de même pour les excuses juridiques qui, lorsqu’elles ont recours à la contrainte, à la coercition ou à la provocation, vous n’obtiendrez pas gain de cause et le résultat dépendra des détails de l’affaire.
Ainsi, les excuses sont des considérations qui reconnaissent qu’une personne a mal agi, mais nient que l’acte répréhensible résulte d’un manque d’intention moralement adéquate.
Dans nos sociétés, les excuses sont des modificateurs de responsabilité qui remanient la façon dont une personne est moralement responsable de ce qu’elle a fait.
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Août 2019

Ce blog nutrition santé n’a pas vocation à remplacer votre relation avec votre médecin traitant. Les renseignements contenus sur le Blog Nutrition Santé sont tous rédigés avec des sources scientifiques et ne peuvent pas répondre à des questions médicales spécifiques, mais sont donnés à des fins purement informatives et complémentaires.
Lire la suite.
Sources externes
Paulina Sliwa. The Power of Excuses. Philosophy & Public Affairs, 1er juillet 2019; DOI: 10.1111/papa.12139, https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/papa.12139
Paulina A. Sliwa. http://paulinasliwa.weebly.com/
Photos © Eduardo Dutra ; Caleb Woods ; Suzy Hazelwood ; Jopwell ; rawpixel.com