Les effets bénéfiques du chocolat noir sur la glycémie

L’hyperglycémie postprandiale (c’est à dire après un repas) est, selon les taux de sucres qui circulent dans le sang, capable d’induire un diabète de type 2 ou de favoriser certaines maladies cardiovasculaires. En cause notamment une sécrétion d’insuline insuffisante, prolongée ou retardée, menant à une insulinorésistance. Prévenir ce phénomène est donc important afin de rester en bonne santé.

Des études déjà réalisées sur la consommation de chocolat ont su démontrer un résultat positif sur la sécrétion d’insuline, l’insulinorésistance et même les maladies cardiovasculaires. Évidemment ces effets ont été observés pour le chocolat noir (au moins 43% de cacao) et non pour les autres types comme le chocolat au lait ou le chocolat blanc qui n’a d’ailleurs de chocolat que le nom.

Le chocolat noir est pourtant un aliment fort calorique, avoisinant les 500kcal/100g et étant riche en glucides et en matières grasses, alors comment peut-il agir positivement sur le taux de glucose dans le sang ?

Les polyphénols, l’élément clé ?

Des études ont premièrement été menées sur le modèle murin. L’administration d’une solution de cacao riche en procyanidine (un polyphénol) a empêché l’apparition d’une hyperglycémie postprandiale en augmentant l’activité de la molécule GLP-1 (glucagon-like peptide 1).

Cette molécule GLP-1 est une incrétine, une hormone sécrétée par les cellules entéro-endocrines de l’estomac après un repas dans le but d’induire la satiété en améliorant la production d’insuline. Ce qui veut dire que les polyphénols du cacao donné aux souris sont capables de favoriser l’arrêt de la sensation de faim de manière anticipée.

Les bienfaits du cacao.

Des recherches sur l’Homme auraient également démontré que l’ingestion de poudre de cacao entrainerait une meilleure sécrétion d’insuline après le repas chez des sujets sains en passant, là aussi, par l’augmentation de la sécrétion de GLP-1.

Plus précisément, les polyphénols de cacao comme l’épicatéchine et la procyanidine possèderaient une activité inhibitrice de la molécule DPP4 (dipeptidyle-peptidase 4) qui est une enzyme de notre organisme capable d’inactiver les incrétines comme le GLP-1.

En d’autres termes, les polyphénols contenus dans le chocolat noir vont pouvoir lever l’inhibition de l’incrétine GLP-1 qui va elle favoriser la sécrétion d’insuline, et ce afin de faire diminuer l’hyperglycémie postprandiale.

L’importance du microbiote

La biodisponibilité et les effets des polyphénols de cacao dépendent largement de leur transformation par les composants du microbiote intestinal. Et inversement les polyphénols, comme les flavonoïdes par exemple, peuvent moduler la composition de la flore intestinale.

En général, la croissance de certains micro-organismes pathogènes tels que H. Pylori (une bactérie cancéreuse) est inhibée et la présence de bactéries commensales à gram négatif est favorisée car ces dernières sont plus résistantes à l’action des flavonoïdes. Les interactions entre les polyphénols de cacao et le microbiote intestinal donnent alors lieu à un cercle vertueux ; l’ingestion de chocolat noir peut rendre meilleure la composition de la flore intestinale, ce qui peut ensuite favoriser la digestion et l’absorption des polyphénols (et ainsi de suite).

Toutefois l’ajout de chocolat noir à un régime quelconque n’engendrera pas un miracle si le reste des aliments vient contrer ses effets. Prendre soin de ses intestins quotidiennement au travers de son alimentation est donc une étape importante pour une digestion plus efficace des polyphénols contenus dans le cacao.

Le coup de pouce des matières grasses

Les polyphénols ne sont pas les seuls composés du chocolat noir à pouvoir agir positivement sur la glycémie suite à un repas. Les acides gras, et plus précisément les acides gras mono-insaturés, seraient eux aussi capables de favoriser la production de GLP-1 par l’organisme.

La composition nutritionnelle du chocolat noir dépend de son pourcentage de cacao (50, 70, 90, 99 etc.) néanmoins il n’est pas rare que l’acide oléique, qui est un acide gras mono-insaturé, représente approximativement un tiers des nutriments, soit presque 33%.

Les vraies vertus du chocolat noir sur la santé.

Le chocolat noir pourrait donc agir de manière bénéfique sur l’hyperglycémie postprandiale via les polyphénols mais également l’acide oléique qu’il contient. 

Du fait de sa teneur élevée en lipides qui sont les macronutriments les plus caloriques (9 kcal/g), et en glucides, le chocolat noir est un aliment fortement « énergétique » ; il est alors important d’adapter son alimentation en fonction. Une consommation de 5 à 20g par jour pourrait s’avérer idéale.

En conclusion, les nutriments contenus dans le chocolat noir sont capables d’induire une meilleure sécrétion d’insuline au travers de l’action de la molécule GLP-1, ce qui pourrait prévenir l’insulinorésistance et donc le risque de survenue d’un diabète de type 2. Certains chercheurs supposent aussi que les polyphénols de cacao pourraient favoriser la régénération des cellules pancréatiques β sécrétrices d’insuline mais cela reste à préciser.

Afin d’avoir un apport alimentaire efficace, une consommation régulière de chocolat noir pourrait s’avérer plus utile quant à la résistance à l’insuline que des doses uniques dispersées dans le temps. Pour raison notamment l’amélioration de la constitution de la flore intestinale.

« Qu’est-ce que la santé ? C’est du chocolat »

Jean Anthelme Brillat-Savarin, Gastronome et Auteur culinaire français (1755-1826)

© Avril 2021 – Thomas GAUDIN – Blog Nutrition Santé

Sources

  1. Y Kawakami, Y Watanabe, M Mazuka, N Yagi, A Sawazaki, M Koganei, M Natsume, K Kuriki, T Morimoto, T Asai, H Arai ; Effect of cacao polyphenol-rich chocolate on postprandial glycemia, insulin, and incretin secretion in healthy participants ; Nutrition, 2021, v85, 111128, DOI : 10.1016/j.nut.2020.111128
  2. SR Shah, R Alweis, NI Najim, AM Dharani, MA Jangda, M Shahid, AN Kazi, SA Shah ; Use of dark chocolate for diabetic patients: a review of the literature and current evidence J Community Hosp Intern Med Perspect, 2017, v7, p.218-221 DOI : 10.1080/20009666.2017.1361293
  3. © Photo : Dovile Ramoskaite, Charisse Kenion – via Unsplash