L’attrait des smartphones et leur impact sur nos relations interpersonnelles pourraient résulter de notre histoire évolutive.
C’est ce que révèlent des chercheurs dans une étude publiée le 11 février 2018 dans la revue PsyArXiv.
Par ailleurs, les résultats révèlent aussi que près de 50% des adultes ayant participé à une enquête a déclaré qu’ils « ne pourraient pas vivre sans » leur smartphone.

Relation intime avec un smartphone
Que ce soit lors d’un dîner, un apéro, au supermarché, dans la salle d’attente de votre médecin ou au lit la nuit, il peut être tentant de prendre votre smartphone.
Quiconque l’a fait en présence d’un ami proche, d’un membre de la famille ou d’un partenaire amoureux peut l’avoir laissée se sentir ignorée, agacée, voire repoussée.
Le smartphone est devenu un objet de conflit omniprésent quel que soit l’âge.
Des études antérieures ont déjà révélé l’impact positif et le danger des usages numériques.
Cependant, les interférences potentielles que les smartphones et autres technologies peuvent avoir dans nos interactions sociales en face-à-face augmentent de façon croissante et parfois inquiétante.

La « technoférance » : quand les nouvelles technologies créent des interférences sociales
Dans cette étude, une équipe de chercheurs américains examinent les recherches disponibles sur ce que l’on peut nommer la « technoférance ».
Les auteurs proposent une explication de la raison pour laquelle les humains sont si attirés par leur smartphone, même lorsque les appareils nous sortent du moment dans nos relations proches.
C’est à cause de notre histoire évolutive.
En effet, les humains sont câblés pour se connecter avec les autres.
Au cours de l’histoire de l’évolution, nous avons misé sur des relations étroites avec de petits réseaux de familles et d’amis pour survivre, en tant qu’individus et en tant qu’espèce.
Ces relations étaient fondées sur la confiance et la coopération, qui se construisent lorsque les personnes divulguent des informations personnelles les concernant et répondent aux attentes des autres.

Une facilité déconcertante
Aujourd’hui, les smartphones et l’accès permanent qu’ils fournissent à la messagerie texte et aux médias sociaux facilitent plus que jamais la divulgation d’informations personnelles et la possibilité de répondre aux autres utilisateurs via leurs réseaux sociaux.
Et ces réseaux sont beaucoup plus vastes et plus étendus que ceux de nos ancêtres.
D’après les auteurs, le smartphone est connecté à de très anciens modules du cerveau qui étaient essentiels à notre survie, et la clé de la communication avec les autres réside dans la révélation de soi et la réactivité.
« L’évolution a façonné la révélation de soi et la réactivité dans le contexte des petits réseaux de parents, et nous constatons maintenant que ces comportements sont signalés plus ou moins constamment par les sites de réseaux sociaux et par le biais de nos téléphones », expliquent les auteurs.
Dans leur article, les auteurs vont au-delà de l’idée que la technologie attire simplement l’attention en suggérant qu’il peut exister un déséquilibre évolutif entre les smartphones et les comportements sociaux qui aident à former et à maintenir des relations sociales étroites.

Nouveaux contextes
En effet, les téléphones intelligents créent de nouveaux contextes pour la divulgation d’informations sur notre identité et notre réactivité, et ces connexions virtuelles peuvent avoir des effets indésirables en aval sur nos relations actuelles.
Lorsque vous êtes distrait dans ou par le dispositif, votre attention est divisée et la réactivité de nos partenaires, qui est un ingrédient essentiel pour renforcer l’intimité, requiert une attention immédiate.
Selon les chercheurs, une attention partagée peut conduire à des conflits de relations.
Par exemple, dans une autre étude publiée en 2016, portant sur un panel de femmes mariées, 70% d’entre elles déclaraient que les téléphones mobiles interféraient fréquemment dans leurs relations.

Ne pas diaboliser
Par ailleurs, les auteurs de cette nouvelle étude ne croient pas que l’usage des smartphones soit totalement mauvais.
En fait, ils reconnaissent que les smartphones offrent plusieurs avantages pour la santé et le bien-être, et que les textos offrent à de nombreux couples un moyen de se connecter de manière significative.
Néanmoins, ils disent que davantage de recherches sont nécessaires pour comprendre pleinement l’impact que les connexions virtuelles peuvent avoir sur nos relations dans le monde réel et la manière dont l’attrait de nos téléphones peut diminuer les interactions immédiates et mener à des conflits.

De plus, les auteurs ajoutent qu’ils restent à l’écart de la question de savoir si les sites de réseautage social et l’utilisation du smartphone sont bons ou mauvais en soi.
La technologie est omniprésente, et elle ne devrait pas disparaître non plus.
Dans cet article, les chercheurs souhaitaient répondre à deux questions fondamentales. Pourquoi les appareils semblent-ils avoir un impact aussi puissant sur nous ? Et quel est l’état de la situation actuelle de la science (sur les effets d’être retirés de nos interactions en personne et dans le monde virtuel) ?
Dès lors, les auteurs décrivent un programme de recherche qu’ils espèrent pouvoir guider dans les études futures.
Ces études seront d’avantage importantes à mesure que les nouvelles technologies évoluent et s’intègrent de plus en plus dans nos vies quotidiennes
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Février 2019
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Sources externes
- « Smartphones and Close Relationships: The Case for an Evolutionary Mismatch. », PsyArXiv, 2018/2019 ; https://psyarxiv.com/rqu6f/ ; https://osf.io/v2p64/ ; DOI: 10.31234/osf.io/rqu6f
- « Technoference : The interference of technology in couple relationships and implications for women’s personal and relational well-being. », 2016, Psychology of Popular Media Culture, 5(1), 85-98. DOI: 10.1037/ppm0000065
- « Technoference in Parenting: Is Your Mobile Device Distracting You From Your Child? », 2017, https://ifstudies.org/blog/technoference-in-parenting-is-your-mobile-device-distracting-you-from-your-child
- Photos © rawpixel ; freestocks.org ; Anete Lūsiņa ; Courtney Clayton ; Derick Anies