La chimiothérapie peut causer des ravages sur les papilles gustatives et les sens olfactifs, privant ainsi de l’interaction complexe et essentielle entre le goût et l’odorat pour apprécier les aliments.
Pour avoir eu personnellement l’occasion d’être traité pendant plusieurs années par de la chimiothérapie, je confirme pour ceux qui n’en connaissent pas les effets.
Les effets secondaires de la chimiothérapie sur le goût et l’odeur sont incroyablement frustrants et désagréables, voire déprimants.
Au fil du temps, des anomalies du goût et de l’odorat peuvent entraîner une perte d’appétit et des comportements anorexiques, compromettant la capacité de récupération des patients. A ce niveau, la consommation de plantes et l’utilisation de l’aromathérapie en complément m’ont largement aidés à passer le cap.
Pour régler ce problème d’effets secondaires de la chimiothérapie sur le goût et l’odorat, des chercheurs ont étudié la faisabilité de la lactoferrine, une protéine hautement bioactive trouvée dans la salive et le lait, en tant que traitement.
Les résultats de cette étude sont publiés dans la revue Food & Function du 28 août 2018.

Une solution pour soulager des millions de patients
Les patients en traitement contre le cancer font face à un certain nombre d’effets secondaires bien documentés. Les résultats de cette étude pourraient soulager des millions de patients subissant un traitement contre le cancer.
La chimiothérapie et les autres traitements anticancéreux peuvent faire des ravages sur les papilles gustatives et les sens olfactifs.
« Les troubles du goût et de l’odorat affectent la sécurité et la qualité de vie. Il en résulte une incapacité à reconnaître les odeurs de brûlé, de gaz ou de nourriture avariée, une diminution de la libido et, parfois même, un état dépressif, sans oublier la perte de saveur des aliments et la difficulté à cuisiner. »
Dans un nouvel article publié dans la revue Food & Function, des chercheurs ont étudié la faisabilité de la lactoferrine et leurs découvertes pourraient soulager des millions de patients.
Les troubles du goût (agueusie) et de l’odorat (anosmie) sont assez fréquents chez des patients sous chimiothérapie. On peut noter que ces troubles qui pourraient paraître secondaires affectent assez profondément la vie des patients.
Même si ces troubles régressent après la fin des traitements, les mécanismes moléculaires sous-jacents ne sont pas bien compris.

Améliorer la vie des patients contre l’agueusie et l’anosmie
Le symptôme dominant décrit par les patients sous chimiothérapie est un goût ou un arrière-goût métallique persistant, avec ou sans nourriture.
Cela peut durer des heures, des semaines, voire des mois après la fin des traitements.
En conséquence, les patients atteints de cancer souffrent d’un manque d’appétit, d’une perte de poids, d’une dépression et d’une nutrition réduite, nuisant ainsi au rétablissement.
Bien que ce trouble soit répandu et fréquent chez les patients cancéreux, il n’existait jusqu’à présent aucun traitement établi permettant de prévenir ou de traiter ce problème de manière fiable.

La lactoferrine comme complément alimentaire
Ces nouvelles recherches montrent que la supplémentation quotidienne en lactoferrine provoque des changements dans les profils protéiques salivaires chez les patients cancéreux – des changements qui peuvent avoir une influence sur la protection des papilles gustatives et la perception des odeurs.
En suggérant la lactoferrine comme complément alimentaire, il est possible de réduire ce trouble pour de nombreux patients, leur permettant de profiter des aliments à un moment où la nutrition peut jouer un rôle clé dans leur rétablissement.
Les chercheurs indiquent que « ces recherches pourraient nous aider à développer des stratégies et des biomarqueurs ciblés pour améliorer la qualité de vie pendant la chimiothérapie. Les patients cancéreux et leur famille et amis de soutien peuvent à nouveau trouver du réconfort en savourant un repas ensemble. »
Le rôle de la lactoferrine, une protéine spécifique du lait, dans la diminution de la saveur métallique stimulée par les médicaments de chimiothérapie avait déjà été identifié auparavant.
La substance est bien connue en tant que défense de première ligne, contribuant à la réponse immunitaire du corps, mais on sait peu de choses sur sa capacité à agir sur les protéines salivaires.
Cette nouvelle étude s’appuie sur le corpus précédent en appliquant des suppléments de lactoferrine pour traiter les anomalies du goût et de l’odorat.
Enfin, les résultats de l’équipe permettront aux patients atteints de cancer de bien goûter les aliments et d’avoir un appétit plus sain, ce qui permettra une nutrition plus optimale pendant une période critique de rétablissement.
La supplémentation en lactoferrine améliore également l’expression des protéines immunitaires salivaires, ce qui peut aider à réduire le stress oxydatif et les effets secondaires qui en résultent. Les infections buccales, telles que le muguet, peuvent également être diminuées.
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Septembre 2018
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Sources externes
- « Effect of lactoferrin on taste and smell abnormalities induced by chemotherapy: a proteome analysis. », Food & Function, 2018; 9 (9): 4948 DOI: 10.1039/c8fo00813b
- La lactoferrine : une protéine multifonctionnelle, http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/6626/MS_2009_4_361.pdf?sequence=8
- Perte du goût et de l’odorat, sante.public.lu/fr/maladies/zone-corps/visage/perte-gout-odorat/index.html [lien mort]
- Anosmie et agueusie : à propos d’un cas, https://www.revmed.ch/RMS/2015/RMS-N-488/Anosmie-et-agueusie-a-propos-d-un-cas
Salut Jimmy ! Dommage qu’ils n’expliquent pas par quel procédé chimique cette lactoferrine joue un rôle dans la redécouverte du gout chez les patients !
J’ai toujours pensé que c’était uniquement une glycoprotéine qui pouvait lier le fer, je n’avait pas pris en compte son action bactéricide !
merci pour l’info !