Manger sainement est un pilier pour être en bonne santé quel que soit l’âge. Cependant, lorsque la volonté de manger sainement est omniprésente il existe aussi le risque que cet objectif vire à l’obsession.
Se nourrir sainement et de façon équilibrée, pour se prémunir des méfaits du vieillissement, du stress oxydatif, de la pollution ou simplement pour maintenir son poids idéal, est une bonne démarche de prime abord.
Mais quand manger sainement devient une obsession malsaine, il existe un risque potentiel de tomber dans l’orthorexie mentale.
Le mot « orthorexie » vient du grec orthos, « correct », et orexis, « appétit ». L’orthorexie peut se définir comme un ensemble de pratiques alimentaires caractérisées par une volonté obsessionnelle d’ingérer une nourriture saine ainsi que par le rejet systématique de la malbouffe (aliments perçus comme malsains).
Une étude publiée le 7 mai 2019 dans la revue Appetite, par des chercheurs de la faculté de santé de l’Université de York (Canada) dépoussièrent les connaissances.
Ils affirment que ceux qui ont des antécédents de trouble de l’alimentation, de traits obsessionnels compulsifs, de régimes amaigrissants, de mauvaise image de leur corps et de motivation pour la minceur sont plus susceptibles de développer une obsession pathologique pour une alimentation saine, appelée « orthorexie mentale ».
Bien que manger sainement soit un élément important d’un mode de vie sain, pour certaines personnes, le fait de s’alimenter sainement peut avoir des effets néfastes sur le plan physique et social.

Manger sainement sans se rendre malade
Lors d’un premier examen exhaustif des facteurs de risque psychosociaux associés à l’orthorexie mentale, les chercheurs ont examiné tous les documents scientifiques publiés jusqu’à la fin de l’année 2018 dans deux bases de données populaires.
Ils ont examiné des études portant sur la relation entre l’orthorexie mentale et les facteurs de risque psychosociaux qui prédisposaient ou rendaient un individu vulnérable ou plus susceptible de développer la maladie.
Ils ont ensuite fusionné tous les résultats disponibles pour chaque facteur de risque afin de déterminer quels facteurs psychosociaux étaient associés de la manière la plus fiable à la maladie.
Selon les auteurs, « l’impact à long terme de ces résultats est qu’ils permettront de mieux faire comprendre aux prestataires de soins de santé ainsi qu’au grand public que le fait de manger sainement peut en fait être malsain. Cela peut conduire à la malnutrition ou le rendre très dangereux. Il est également difficile de socialiser avec des personnes dans des contextes impliquant de manger. Cela peut aussi être coûteux et prendre beaucoup de temps. »

Évitez l’extrémisme !
Lorsqu’elle est prise à l’extrême, l’obsession de manger sainement peut être un signe que la personne a du mal à gérer sa santé mentale.
Des recherches antérieures ont montré que, contrairement aux personnes souffrant d’anorexie mentale (personnes qui limitent leur apport en calories pour maintenir un poids corporel très bas), les personnes atteintes de cette maladie ont une fixation sur la qualité de la nourriture consommée et sur sa préparation plutôt que sur le nombre de calories.
Au fil du temps, ils consacrent de plus en plus de temps et d’efforts à l’achat, à la planification et à la préparation de repas purs et sains, ce qui finit par devenir une obsession dévorante qui interfère avec d’autres domaines de la vie et entraîne une perte de poids.
L’une des principales raisons pour lesquelles les auteurs ont mené cette étude était que les recherches en cours sur la maladie étaient limitées.
Contrairement à d’autres troubles de l’alimentation, tels que l’anorexie, la boulimie, l’orthorexie n’est pas reconnue dans les manuels psychiatriques standard destinés aux prestataires de soins de santé.

Une étude qui dépoussière les recherches précédentes
Les chercheurs indiquent leur étonnement sur le fait que la très grande majorité des articles dans ce domaine soient de qualité neutre ou médiocre, ce qui indique que les résultats de ces études doivent être interprétés avec prudence.
Aussi, cela suggère un appel à des outils de mesure de l’orthorexie plus valables, afin de tirer des conclusions plus fiables sur la prévalence réelle de l’orthorexie dans la population et sur les facteurs psychosociaux qui mettent réellement une personne à risques de développer une orthorexie mentale.
Par ailleurs, ils ont constaté que la littérature scientifique montrait régulièrement que ceux qui présentaient des traits obsessionnels compulsifs, une dépression et un trouble de l’alimentation antérieur et/ou qui étaient préoccupés par leur apparence et leur image corporelle risquaient davantage de développer la maladie.

Pas d’alarmisme !
Sans être alarmiste sur le fait de suivre un régime végétarien ou végétalien, les auteurs remarquent aussi que d’autres habitudes alimentaires, telles que le régime végétarien ou végétalien, augmentent également le risque de développer une orthorexie mentale.
Dans l’étude, les lacto-végétariens étaient les plus exposés au risque de développer cette maladie, de même que les personnes soumises à un horaire de repas strict, passant beaucoup de temps à préparer leurs repas.
Enfin, ils concluent en précisant que dans cette recherche, « nous avons trouvé des taux égaux d’hommes et de femmes aux prises avec des symptômes d’orthorexie mentale. Nous pensons toujours que les troubles de l’alimentation sont un problème qui concerne principalement les jeunes femmes. De ce fait, les symptômes et les conséquences négatives de l’orthorexie mentale peuvent passer inaperçus et ne pas être remarqués ou pris au sérieux. »
Les chercheurs estiment que l’élaboration d’une définition cohérente de l’orthorexie mentale permettra aux chercheurs en santé d’élaborer plus facilement des mesures fiables et de fournir un meilleur diagnostic et un meilleur traitement de la maladie.
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Mai 2019
Ce blog nutrition santé n’a pas vocation à remplacer votre relation avec votre médecin traitant. Les renseignements contenus sur le Blog Nutrition Santé sont tous rédigés avec des sources scientifiques et ne peuvent pas répondre à des questions médicales spécifiques, mais sont donnés à des fins purement informatives et complémentaires.
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Sources externes
Sarah E. McComb, Jennifer S. Mills. Orthorexia nervosa: A review of psychosocial risk factors. Appetite, 2019; 140: 50 DOI: 10.1016/j.appet.2019.05.005, https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0195666318315290?via%3Dihub
« When does clean eating become an unhealthy obsession? New research findings on who is at risk », http://news.yorku.ca/2019/05/14/when-does-clean-eating-become-an-unhealthy-obsession-new-findings-on-who-is-at-risk/
Photos © Mike Mayer ; Nigel Tadyanehondo ; Alva Pratt ; Gian Cescon ; Simona Todorova
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Article qui soulève concrètement l’orthorexie… bien manger OUI, mais ne pas tomber dans l’extreme et oublier la notion de plaisir.