Depuis plusieurs années, il a été démontré que la restriction calorique (RC) présente des avantages pour la santé et prolonge la durée de vie de diverses espèces.
Dans un essai mené sur la restriction calorique pendant 2 ans chez des humains sains et non obèses, les chercheurs ont trouvé des preuves que la restriction calorique prolongée augmente l’efficacité énergétique au repos, entraînant une diminution des dommages causés par le stress oxydatif.
Cette étude est l’une des premières à explorer les effets de la restriction calorique sur les humains. Elle a montré que la réduction de l’apport calorique de 15% pendant 2 ans ralentissait le vieillissement et le métabolisme et protégeait contre les maladies liées à l’âge.
La restriction calorique a diminué le stress oxydatif systémique, qui a été lié à des conditions neurologiques liées à l’âge comme les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, ainsi que le cancer, ou le diabète.
Publié le 22 mars 2018 dans la revue Cell Metabolism, le résultat de cette étude vient conforter l’idée que la restriction calorique a des avantages pour la santé et diminue le stress oxydatif systémique lié aux maladies neurologiques liées à l’âge.

Nouvelle preuve des avantages santé du régime hypocalorique
Limiter les calories peut ralentir votre métabolisme basal (MB), et si les sous-produits du métabolisme accélèrent les processus de vieillissement, la restriction calorique maintenue pendant plusieurs années peut aider à diminuer le risque de maladie chronique et prolonger la vie, précise les chercheurs.
CALERIE (Comprehensive Assessment of Long term Effects of Reducing Intake of Energy) est un essai réalisé par la Duke University School of Medecine (États-Unis), qui est une évaluation complète des effets à long terme de la réduction de l’apport énergétique.
Cet essai a été le premier essai contrôlé randomisé à tester les effets métaboliques de la restriction calorique chez les humains non obèses.
La deuxième phase de l’étude rapporte les résultats de 53 hommes et femmes en bonne santé, non obèses, âgés de 21 à 50 ans, qui ont réduit leurs calories de 15% sur 2 ans et ont subi des mesures supplémentaires pour le métabolisme et le stress oxydatif.
Les réductions caloriques ont été calculées individuellement à l’aide du ratio d’isotopes absorbés par les molécules et les tissus des participants sur une période de 2 semaines, une technique qui permet de déterminer avec précision le niveau calorique de maintien du poids.

Les participants qui sont dans le groupe de restriction calorique ont perdu en moyenne près de 9 kg, bien qu’ils n’aient pas suivi un régime particulier et la perte de poids n’était pas le but de l’étude. Aucun effet indésirable, tel que l’anémie, une perte osseuse excessive ou des troubles menstruels n’a été noté.
En fait, les deux essais ont permis d’améliorer l’humeur et la qualité de vie liée à la santé. Les chercheurs ont constaté que même les personnes déjà en bonne santé et maigres peuvent bénéficier d’un régime hypocalorique.

La restriction calorique contre les dommages oxydatifs
Dans les études chez les animaux de laboratoire, la restriction calorique abaisse la température corporelle et le taux métabolique au repos.
L’essai CALERIE a examiné les effets de la restriction calorique sur le vieillissement, et non la perte de poids, où les discussions sur le métabolisme « rapide » ou « lent » surviennent le plus souvent. « Plus le mammifère est petit, plus son métabolisme est rapide et plus sa longévité est courte », soulignent les chercheurs.
Par ailleurs, de nombreux facteurs, comme les mécanismes antioxydants et les facteurs alimentaires et biologiques, influencent le métabolisme, mais les théories actuelles affirment qu’un métabolisme plus lent est plus bénéfique pour le vieillissement en bonne santé et que les organismes qui brûlent le plus efficacement.
Enfin, l’essai CALERIE met à jour les connaissances et apporte un soutien à deux des théories les plus anciennes du vieillissement humain.
La théorie du « taux de vie » du métabolisme lent — la vitesse du métabolisme d’un individu, ce que l’on peut appeler son taux de vie, conditionne son vieillissement— et la théorie des dommages oxydatifs, qui correspond à une agression des protéines, des lipides, des sucres et de l’ADN par les radicaux libres qui viennent de l’oxygène que nous respirons.
Les dommages oxydatifs conduisent notamment à des maladies chroniques telles que l’athérosclérose, le cancer, le diabète et la polyarthrite rhumatoïde.

Notons que le nombre de participants à cet essai était relativement petit et la durée courte dans le contexte d’une durée de vie humaine.
Bien que les biomarqueurs du vieillissement aient été améliorés chez tous les participants, les prochaines étapes comprennent l’établissement de biomarqueurs robustes du vieillissement humain et l’examen des effets de la restriction calorique en conjonction avec des aliments antioxydants ou des substances comme le resvératrol — un polyphénol de la classe des stilbènes présent dans certains fruits comme les raisins, les mûres ou les cacahuètes — qui imitent la restriction calorique.
© Blog Nutrition Santé – Jimmy Braun – Mars 2018
Sources externes
- « Metabolic Slowing and Reduced Oxidative Damage with Sustained Caloric Restriction Support the Rate of Living and Oxidative Damage Theories of Aging. » 2018, Cell Metabolism 27, 1–11, Avril 2018, Elsevier Inc., https://doi.org/10.1016/j.cmet.2018.02.01
- La théorie du taux de vie, http://www.di.ens.fr/~granboul/enseignement/temps/vieillissement.html#Taux
- « Âge et stress oxydant: Vers un déséquilibre irréversible de l’homéostasie endothéliale« , https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3695885/